Quelques sages-femmes ont fait de ce « retour aux sources » un moyen de profit rapide. Elles offrent leurs services pour pas moins de 40 mille dinars algériens (240 Euros). Elles exercent ce métier pendant leurs heures de repos ou elles se libèrent pour cela.
Cependant, les sages-femmes craignent les complications qui peuvent survenir pendant l’accouchement. Plusieurs d’entre-elles demandent le dossier médical de la femme enceinte afin d’éviter tout problème pour la mère et l’enfant, surtout que plusieurs décès ont été enregistrés suite à des complications lors des accouchements à domicile et même dans les cliniques.
Certaines femmes enceintes sont obligées d’accoucher à domicile à cause de leur situation financière ou parce qu’il est impossible de les transporter à l’hôpital.
« Baya. T » (sage-femme à l’hôpital Hussein Dey) affirme qu’elle est obligée, de temps en temps et en dehors des heures de travail, d’aider les femmes enceintes à accoucher, mais avoue qu’il s’agit d’un risque puisqu’il n’existe pas un permis ou une loi permettant d’exercer cette pratique. Sa collègue « Karima. S » indique que ce genre de travail, pourtant humain, peut engendrer de lourdes sanctions, si des poursuites judiciaires ont été engagées, surtout si c’est en rapport avec un malaise sanitaire pour la maman ou l’enfant.
Une maman ayant opté pour l’accouchement à domicile a indiqué que « l’idée d’accoucher chez moi m’a traversé l’esprit quand j’étais en Europe pour accompagner mon mari lors d’un voyage d’affaires ». « Là-bas, la plupart des femmes préfère accoucher à domicile pour être proche de leurs familles. Les pays européens reconnaissent cette pratique », a-t-elle ajouté. Plusieurs femmes ayant accouché à domicile utilisent « le hasard » pour expliquer leur choix.
Pour madame Nadia Kahlouz, responsable à la fédération nationale des sages-femmes, « le phénomène de l’accouchement à domicile s’est largement propagé au cours des dernières années et le devoir humain oblige les sages-femmes à faciliter l’accouchement de n’importe quelle femme enceinte si elle ne peut pas être transportée à l’hôpital ».
Un clin d’œil à l’usage de plusieurs femmes enceintes du prétexte de l’urgence pour se justifier face à une loi qui interdit cette pratique. « L’éthique professionnelle oblige les sages-femmes à prendre le risque, même si la vie de la mère ou de l’enfant est en jeu », a-t-elle précisé.
Si la femme rurale a recours à l’accouchement à domicile à cause de l’absence d’hôpitaux proches, les citadines, elles, y ont recours pour profiter d’une atmosphère intime au lieu de la nonchalance et le bruit des hôpitaux publics et des cliniques qui coûtent la somme de 40 mille dinars.
Les dernières statistiques des autorités compétentes démontrent que l’accouchement à domicile a triplé, mettant en garde contre l’augmentation du taux de mortalité, de la femme et de l’enfant, enregistré en rapport avec cette pratique.
Madame Nadia Khlouz a affirmé que les études ont démontré que la moyenne des décès chez les nouveau-nés suite à un accouchement à domicile est le double de ceux survenus suite à un accouchement dans un hôpital. « L’accouchement à domicile est très risqué. La femme et l’enfant ont plus besoin de soins médicaux que d’une atmosphère familiale intime », a-t-elle ajouté.