L’atmosphère ici à Kidal est à la fois enthousiaste, car la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) n’a pas parafé le document, et glaciale car la population s’attendait à un accord sur le document proposé par la commission internationale. La majeure partie des habitants de Kidal interviewés déclarent qu’ils n’aspirent qu’à l’autonomie, à gérer leurs propres affaires internes. Pour eux c’est la seule manière de ramener une paix définitive dans le Nord-Mali. Impressions recueillies parmi la population.
« Il sera extrêmement difficile d’accepter ces accords et même si c’est le cas, ça sera sous la contrainte. Alors sans doute il y aura surement des conséquences graves qui peuvent survenir partout du fait de l’exécution dudit accord », explique un habitant de Kidal qui a gardé l’anonymat par peur pour sa sécurité.
«Nous voulons que la paix revienne de façon méthodique et résolue ». Un gardien dans la ville de Kidal déclare que : « A propos de l’accord d’Alger si c’est le moyen de nous réconcilier alors que Dieu le fasse mais au cas contraire on en veut pas. Ici sur le territoire de l’Azawad, je n’ai de problème avec personne, je travaille à ma guise».
« A mon avis au sujet de l’accord parafé par l’Etat malien, si le Mali vient vers nous en paix, avec une pensée positive à notre endroit alors je ne vois pas le problème. Et même si on est au Mali, ici c’est notre territoire», dit un tailleur dans son atelier au centre-ville de Kidal qui s’exprime en langue Tamasheq (local).
A Kidal, la question de la signature d’un accord de paix entre Bamako et Kidal est sur toutes les lèvres. « Je vois rien d’important dans cet accord, je partage les mêmes visions que ma population et celle de nos différents mouvements», dixit un menuisier au quartier Etambar de Kidal. « Pour l’accord qui a été signé, moi mon opinion c’est: si on peut travailler ce qu’on a gagné là-dedans je préfère vraiment qu’on le prenne et on signe la paix. Qu’il y ait quelque chose là-dedans ou pas, on est fatigué, la population est vraiment fatiguée», dit un vendeur de pièces détachée au centre- ville de Kidal.
Un artiste chanteur rétorque : « Vraiment nous la population de Kidal nous sommes pas du tout contents. Nous voulons notre terre qui est l’Azawad. Pas plus pas moins ».
Derrière cet accord, certains habitants voient la politique de certains pays voisin du Mali. « L’accord a été biaisé parce que pour l’Algérie il fallait vaille que vaille trouver un compromis ou une compromission entre le Mali et l’Azawad, le Mali a trouvé son compte apparemment, parce qu’il dit que l’accord est bien équilibré, mais pour nous c’est pas bien équilibré, par ce que nous avons demandé au départ l’Independence, une fédération et après on est partis à une autonomie large, on a même pas eu une autonomie considérée même maigre», affirme Izga Ag Sidi, un habitant de Kidal.