Depuis l’organisation des élections présidentielles en 2013 et le retour à l’ordre constitutionnel, plusieurs associations civiles se sont créées pour demander justice et réparation des dédommagements subis suite à l’occupation du Nord du Mali par des groupes indépendantistes depuis 2012. Lesquels groupes ont été chassés à leur tour par les djihadistes liés à l’AQMI.
Les atrocités de 2012 ont causé des pertes en vies humaines, des dégâts matériels et le déplacement de 200 000 personnes vers l’intérieur du pays et 100 000 réfugiés vers l’extérieur. Le rétablissement de l’ordre constitutionnel a fait croire à la population déportée qu’elle va être rapatriée dans ses localités d’origine. Les victimes ont même cru qu’il y aurait des réparations en rapport avec les atrocités et les crimes commis, via une justice transitionnelle qui va aider au rétablissement de la vérité sur les crimes.
«Je suis à Bamako, pas par plaisir mais, à cause de la guerre. Je me suis retrouvée dans un monde qui n’est pas mien. Je suis fatiguée de vivre dans un petit coin à Bamako. Que l’Etat vienne voir sur place tous les crimes commis : des personnes violées et flagellées ; des maisons cassés, du matériel pillé, du bétail volé, etc. Nous voulons le rétablissement de nos droits », a déclaré Mme Kadidia Alarba déplacée de Ménaka.
Mais pour le représentant du gouvernement malien, les populations n’ont pas compris cette loi. Il déplore un manque de communication autour de la question. « La loi d’indemnisation suit son processus depuis qu’elle a été votée en avril 2014. Cependant les citoyens ont de la peine à comprendre la lenteur de sa mise en œuvre Il est clair qu’il y a un manque d’informations précises par rapport à l’application de la loi d’indemnisation. Mais, sachez que personne ne peut dire aujourd’hui quand et comment cette loi va être appliquée. Le processus est encore long. Il s’agit de parvenir à la vérité pour rétablir la justice et aspirer à une réconciliation », explique Abdoulaye Macalou, Secrétaire général de la commission vérité, justice et réconciliation.
« Pourtant, c’est bien dans cette commission qu’il faut chercher justice. C’est la justice transitionnelle promise que les spécialistes n’ont cessé de vanter l’apport », dit révoltée Kadidia. Ce à quoi le Professeur Harouna Diallo, chargé de droit public à l’université juridique et politique de Bamako, répond : « La justice transitionnelle est certes l’élément central. Elle est considérée comme un ensemble de mécanismes pour solutionner les violations des droits de l’homme. Mais, c’est un processus. Il faut d’abord commencer par identifier les auteurs de crimes, établir la vérité et rendre la justice ».
Le processus est encore long.