Mohamed Salem, réfugié au camp d’Ampra et l’un des chefs des tribus des Barabich, pense que les réfugiés ne pourront pas prendre part aux élections municipales prévues pour le 25 octobre prochain. « Nous avons participé aux élections présidentielles l’an dernier, et c’était dans des conditions très difficiles. Nous espérions une amélioration de nos conditions après l’élection d’un président permanent à la place du gouvernement provisoire. Mais les choses ne sont pas à la hauteur de nos espérances. », déclare-t-il avant de poursuivre : « Cette fois, il n’est pas question de voter au camp dans des conditions aussi misérables. Les politiciens doivent d’abord assurer notre retour chez nous avant d’espérer obtenir nos voix. »
La réfugiée Mariem Weld Mohamed Ali, affirme, pour sa part : « Les politiciens, aussi bien ceux du gouvernement que ceux des Mouvements Azawadiens doivent commencer par trouver une solution aux enfants qui ont perdu trois ans de scolarité, avant de briguer les postes de responsabilité. Ici, nous attendons une solution globale qui garantisse la sécurité de nos enfants et nous n’avons que faire d’élections qui ne nous rapporteront rien du tout. »
De son côté, Tay Ag Abdallah, attaché de communication au sein du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad, déclare : « Après que le gouvernement de Bamako eut échoué à présenter la moindre initiative sérieuse pour contenir la crise, plusieurs mois même après la signature de l’accord de paix et de réconciliation, nous avons pensé à éloigner les réfugiés des dangers de la guerre avant de les ramener dans leur pays. »
Ag Abdallah assure également que « face à cette réalité, la division ne touche plus seulement les positions des leaders des Mouvements face au retour des réfugiés ; elle touche aussi celles des membres du gouvernement Keïta. Pour ce qui est de certains partis, l’évaluation de ce qui se passe en politique et sur le terrain varie autant que les solutions proposées à la crise. La dernière position en date a été formulée par nombre de partis : le refus des élections municipales qui devraient commencer à la fin du mois prochain et du principe même de s’y préparer, avant le retour des réfugiés dans leur pays. »
Par ailleurs, Dimba Traoré, attaché de communication au parti de l’Union pour la République et la Démocratie affirme à ce sujet : « Nous avons exprimé de nombreuses interrogations au gouvernement à propos de l’organisation des élections avant le retour des réfugiés mais il semble bel et bien tenir à ses positions. Quoi qu’il en soit, le dialogue reste la meilleure alternative. »
Hussein Weld Alghoulam, chef d’état major des armées des Mouvements Azawadiens a, quant à lui, mis en garde contre toute tentative de mener campagne pour les municipales, expliquant que le texte de l’accord stipule que de longues étapes doivent précéder l’organisation des élections, d’autant que les réfugiés souffrent de leur existence dans les camps.
D’autre part, le responsable financier et membre de la Coordination des Réfugiés du Mali au camp d’Ampra, Mohamed Mokhtar Al Ansari, précise que le projet du retour des réfugiés devrait stipuler ce qui suit : « L’appel à arrêter la guerre civile aux villes du nord ; l’arrêt de toutes les opérations militaires visant des civils ; la constitution d’une commission militaire et financière nationale composée des deux parties et supervisée par les Forces du Maintien de la Paix au Mali (MINUSMA) ; la supervision du respect du cessez-le-feu par les Nations Unies ; la prise des dispositions nécessaires au maintien de la sécurité, aussi bien avant le retour des réfugiés qu’avant l’organisation des élections, et cela en vue de recouvrer l’union nationale sous une égide onusienne. ». L’intérêt de cette initiative réside, selon Al Ansari, dans le fait qu’elle constitue un relatif juste milieu entre les Mouvements Azawadiens et le gouvernement malien.