Les plus vulnérable de ces déplacés sont essentiellement les femmes et les enfants. Selon un document du Haut Commissariat des Nations Unis pour les Réfugiés, avec le retour en 2013 de l’armée nationale grâce à l’aide de l’armée française, 100 000 déplacés, majoritairement des femmes sont retournés dans leurs localités. Dans le même document, 99 000 personnes sont répertoriées dans des zones d’accueil. A Bamako, capitale malienne, certaines femmes déplacées vivent dans des conditions ardues.
Dans un vieux quartier de la capitale malienne, Fatalmoudou Djitey, 56 ans, habitait Gao jusqu’au mois de mars 2012, la veille de l’attaque de la ville par les extrémistes religieux du MUJAO et les rebelles du MNLA. Elle fuit la guerre et viens s’installer à Bamako avec toute sa famille. Comme bon nombre de déplacés, elle n’a pas trouvé de famille d’accueil dans la capitale. Elle est donc contrainte de vivre avec sa famille de 14 personnes dans un appartement composé seulement d’un salon et d’une chambre à coucher.
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« Nous dormons tous dans ces pièces. Nous avons eu des difficultés pour avoir cette maison, les loueurs disent que nous sommes beaucoup à rechercher un logement» s’indigne-t-elle, le moral abattu. Pour payer la maison, et leur ration journalière, Fatalmoudou et les siens comptent sur les cérémonies de mariage et de baptêmes. « La vieille va dans les mariages et les baptêmes où elle fait l’éloge des gens. Elle ramène ce qu’elle trouve et nous achetons de quoi manger et elle épargne le reste pour le loyer » explique Aïssata Traoré fille ainée de Mme Djitey. « Cette maison nous coute 40000 CFA par mois (60euros)» précise-t-elle.
Scolarité des enfants
L’éducation des enfants est un autre défi pour cette famille où il n’y a que des femmes, toutes sans emploi. « Depuis que sous sommes ici aucun de nos enfant ne va à l’école, c’est seulement cette année que nous avons pu envoyer une fille à l’école » raconte Aïssata. Pourtant, depuis le début de cette crise, des ONG et associations se mobilisent partout à travers le pays au nom de ces déplacés. De collectes en collectes, des dons par ci et par là.
« Après l’identification des déplacés, nous avons fait des dons sur trois sites d’accueil. Toutes les femmes déplacées étaient concernées par ces dons » déclare Mme Traoré Tatoumata Dicko, chargée de la gestion des violences basées sur le genre au WILDAF-Mali.
« En tout cas moi tout ce que j’ai reçu c’est un téléphone portable de la part d’une ONG qui m’appelle chaque mois pour me demander si ma famille a augmenté ou non. A part ça rien » proteste Fatalmoudou. Vu, toutes ces difficultés qu’elles vivent à Bamako, ces femmes n’aspirent qu’au retour au bercail. Toutefois elles restent craintives face à la dégradation de la sécurité dans le nord du Mali. «Nous n’avons pas confiance, il n’y a pas de sécurité. Si la paix revient, nous allons retourner chez nous, car ce n’est pas facile de vivre ici. » se confie, une déplacée de Tombouctou, sous couvert de l’anonymat.
Au niveau du ministère de la promotion de la femme de l’enfant et de la famille, des activités ont été menées pour venir en aides aux victimes de la crise, mais elles ne concernent que les réfugiés dans les pays voisins. L’accent est surtout mis sur les moyens d’encourager ces femmes à retourner dans leurs lieux de résidence.
« Nous n’apportons pas de soutien aux femmes déplacées à Bamako. Par contre celles qui s’en sont déjà retourné ont bénéficié des matériels de maraichage et de transformation des produits locaux, pour les aider à se réinsérer socialement. » Yaba Tamboura conseillère de genre au Ministère de la promotion de la femme de l’enfant et de la famille.