Lors de sa participation aux activités du «Quartier mondial», il a découvert la profondeur des liens historiques communs entre les populations du Sahel et du Sahara, ainsi que les défis communs entre les peuples du Maroc, du Mali et de la Mauritanie.
Mise en valeur de la géographie et de l’histoire
Halim Sba’i retourne avec une forte volonté de lancer une initiative dans l’objectif de trouver des solutions aux problèmes écologiques et sociaux du Sahara. «Je n’ai pas tardé à la mettre (cette volonté, ndlr) en œuvre» déclare le président de l’association «Zaïla» qui signifie littéralement «chamelle» en Hassaniya, un dialecte courant au Sahara, en Mauritanie et au Nord-Mali. Alors, poursuit-il «Nous avons décidé d’organiser un festival annuel au nom de ‘Taragalte’ qui est le nom historique de la zone M’hamid El Ghizlane».
Halim Sba’i poursuit: «le festival est devenu un rendez-vous annuel pour mettre en valeur la musique du Sahara, organiser des foires de produits locaux, donner la parole aux populations et experts pour parler de la situation écologique précaire de la sous-région, et pour exposer les différents points de vue sur les activités touristiques cohérentes, sur la vie des nomades… entre autres».
Dès le début de ce festival, la participation malienne était pesante. La première version du festival a connu la participation du groupe musical malien «Tinariwen». Son collègue féminin «Tartit», ainsi que d’autres groupes musicaux célèbres au Mali, ont participé aux sessions ultérieures du festival.
Le Directeur du Festival de la musique du Sahara de Tombouctou, Ami Ansar, raconte qu’en session de 2013, il était déchiré entre deux sentiments: un sentiment de joie d’entendre les musiciens maliens chanter sur la scène du festival de Taragalte en pleins dunes de M’hamid El Ghizlane ; et un autre sentiment, de tristesse cette fois-ci, d’entendre les armes brûler le Nord-Mali et de voir les souffrances des familles maliennes attristées par la mort, la déportation et le refuge des citoyens paisibles à Tombouctou et environs. «En ce moment», a-t-il dit en compagnie de son collègue marocain, «Nous nous sommes mis à penser à exprimer notre solidarité avec nos familles de là-bas, d’où la naissance de la ‘Caravane culturelle de la paix’».
La harpe face aux canons
L’idée de la caravane sera adoptée suite à une réflexion commune qu’a abritée Amsterdam (Pays-Bas). Trois directeurs de festivals de renommée internationale sont alors convenus de «la nécessité de faire de sorte que la harpe enroue le canon». Il s’agissait des directeurs des festivals de Taragalte (Maroc), de Segou (Niger) et du Sahara (Tombouctou). Ils ont décidé de transformer la culture en caravanes qui transportent les idées d’amour dans une zone caractérisée par les armes et conflits ; une zone épuisée par les tragédies suscitées par l’exode commun et les défis économiques et écologiques.
«Les jeunes générations ont abandonné leur patrimoine civilisationnel. Raison pour laquelle l’atelier Butterfly Works d’Amsterdam adopte un projet à vocation de renforcer le dialogue et la synergie entre les populations du Sahel et du Sahara», ainsi parle le communiqué du lancement de la «Caravane culturelle pour la Paix». Une caravane qui sert à un dispositif de rencontres entre les peuples du Sahara. Des peuples qui ont tant souffert de rivalités à caractères politiques.
La deuxième session de la Caravane culturelle pour la Paix s’est fendue d’élargissement de son champ d’intervention avec la constitution du Cultural Caravane Network. Un nouvel outil qui vise à garantir une meilleure et efficace coordination du voyage humanitaire commun prévu en 2015.
Ladite session a connu des soirées de noces, mais aussi des ateliers de formation qui cherchaient des résolutions des conflits. Elle a reçu le Ministre malien de la Réconciliation nationale, Dhehbi Ould Mohamed. Celui-ci animera un séminaire sur «la réconciliation nationale», en présence des autorités de Ségou et le Chef de la Délégation de l’Union européenne à Bamako.
Pour le Mali, Halim Sba’i paraît très optimiste quant à l’initiative qu’il a lancée avec ses collègues. Mais, la culture va-t-elle réussir là où la politique a échoué ? Seuls les futures sessions et l’avancement du processus de réconciliation nationale malienne pourront fournir une réponse à la question.