Chaque matin, des dizaines de familles sont réveillées par les chants de ces enfants à la quète de leurs subsistances quotidiennes. Ils passent la journée à chanter aux portes dans le but de repartir avec des grains de riz, un bol de bouillie ou une pièce d’argent. Dans tous les cas ; cela dépend de la porte face à laquelle ils se présentent.
Au coin d’une rue, un jeune garçon de 11ans surgit. Il s’appelle Boa. Chaque jour, il parcourt les quartiers de Bamako pour satisfaire à la requète de son oncle/tuteur. « Je dois sortir très tôt juste après lecture du coran comme tous mes camarades pour ne revenir que le soir » explique Boa.
A la première porte, il commence à chanter mais ressort bredouille. La dame qui habite la maison réagit : « « Ces enfants sont manipulés par des adultes irresponsables sans scrupules. Leur donner de l’argent ou quoi que ce soit, c’est encourager la perpétuation de cette exploitation. Je préfère ne pas contribuer à cela. Beaucoup de personnes font le choix de répondre à ce sentiment de pitié en donnant sans penser que derrière leur geste, ils contribuent à encourager la continuité de cette pratique terrible pour les pauvres enfants »
Un peu plus loin, Boa passe devant une école. Il entend les enfants réciter à haute voix derrière le mur de la cours. Visiblement attristé, il déclare que s’il avait eu le choix, il aurait préféré faire partie de ce groupe d’écoliers. « Je ne souhaite mon cas à personne. Dieu seul sait ce que je traverse avec cette fatigue qui m’empèche d’ailleurs de dormir », chuchote Boa
Très vite, Boa s’arrète de parler et court vers la porte d’un restaurant du quartier. Il commence à chanter comme il en a l’habitude et quelques minutes après un serveur lui donne des restes de plats consommés la veille par les clients de la gargote.
« Je donne ces restes de nourritures pour Allah, l’un des cinq (05) piliers de l’islam c’est bien l’aumône ou la Zakat ; je me sens donc obligé moralement de remplir cette mission en tant que musulman » affirme Amadou Serveur au Restaurant à Kalaban Coro.
Joint par téléphone, l’oncle-tuteur de Boa refuse de répondre aux questions relatives à la situation des mendiants sous sa responsabilité. Les différentes tentatives d’interview avec les ONG en charge de la protection de l’enfance à Bamako sont également restées vaines.
Boa continue son petit bonhomme de chemin qui va le conduire de maison en maison jusqu’au coucher du soleil.