Selon un document du Haut-commissariat des Nations Unis pour les réfugiés, 99 000 personnes répertoriées sont restées dans leurs zones d’accueil. A Bamako, capitale malienne, certaines femmes déplacées vivent dans des conditions difficiles.
Dans un vieux quartier de la capitale malienne, Dune-voices a rencontré Fatalmoudou Djitey, une femme de 56 ans. Elle habitait Gao jusqu’au mois de mars 2012, la veille de l’attaque de la ville par les extrémistes religieux du MUJAO et les rebelles du MNLA. Elle a fui la guerre et elle est venue s’installer à Bamako avec toute sa famille. Comme bon nombre de déplacés, elle n’a pas eu de famille d’accueil dans la capitale. Elle a été donc contrainte de vivre avec les 14 membres de sa famille dans un logement ne comprenant qu’un salon et une chambre à coucher.
« Nous dormons tous dans ces deux pièces. Nous avons déjà eu des difficultés pour avoir cette maison. Les locataires disent que nous sommes très nombreux » s’indigne-t-elle, le moral au plus bas. Pour payer le loyer de la maison, et leur nourriture quotidienne, Fatalmodou et les siens ne comptent que sur les cérémonies de mariage et de baptêmes. « La vieille va dans les mariages et les baptêmes où elle loue le gens. Elle ramène de la charité et nous achetons de quoi manger et épargnons le reste pour le loyer » explique Aïssata Traoré, fille ainée de Mme Djitey. « Cette maison nous revient 40.000 Fcfa (60 Euros) » précise-t-elle.
Scolarité des enfants
L’éducation des enfants est un autre problème pour cette famille où il n’y a que des femmes, toutes sans emploi. « Depuis que nous sommes ici, aucun de nos enfants ne va à l’école, c’est seulement cette année que nous avons pu envoyer une fille à l’école » raconte Aïssata. Pourtant, depuis le début de cette crise, des ONG et associations se mobilisent partout à travers le pays pour prendre en charge ces déplacés. Des collectes ont été organisées et des dons ont été distribués par ci et par là. « Après uns identification des déplacés, nous avons fait des dons sur trois sites d’accueil. Toutes les femmes déplacées étaient concernées par ces dons » déclare Mme Traoré Tatoumata Dicko, chargée de la gestion des violences basées sur le genre au WILDAF-Mali.
« En tout cas moi tout ce que j’ai reçu c’est un téléphone portable de la part d’une ONG qui m’appelle chaque mois pour me demander si ma famille a augmenté ou non. A part ça rien » proteste Fatalmoudou. Vu, toutes ces difficultés qu’elles vivent à Bamako, ces femmes n’aspirent qu’au retour au bercail. Toutefois elles restent sceptiques face à la dégradation de la sécurité dans le nord du Mali. « « Nous n’avons pas confiance, il n’y a pas encore de sécurité. Si la paix revient, nous allons retourner chez nous, car ce n’est pas facile de vivre ici. » se confie une déplacée de Tombouctou, sous couvert de l’anonymat.
Au niveau du ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, des activités ont été menées pour venir en aides aux victimes de la crise, mais ne concernent que les réfugiés installés dans les pays voisins. L’accent est surtout mis sur les moyens d’encourager ces femmes à retourner dans leurs lieux de résidence. « Nous n’apportons pas de soutien aux femmes déplacées à Bamako. Par contre celles qui sont déjà retournées chez elles, ont bénéficié de matériels de maraichage et de transformation des produits locaux, pour les aider à se réinsérer socialement», précise Yaba Tamboura conseillère de genre au Ministère de la promotion de la femme de l’enfant et de la famille.