Le nombre de personnes atteintes de maladies infectieuses telles que la malaria ou le choléra et de malnutrition infantile, voire adulte, ne cesse d’augmenter pendant les saisons pluviales. Et en l’absence totale d’organisations humanitaires, sanitaires en l’occurrence, les épidémies ne peuvent que s’aggraver.
Selon Dr Hassan Ala qui dirige le dispensaire de Tahaninet dans le village de Tijiriret situé à 140 km au nord-est de la ville de Manka, « l’épidémie qui menace actuellement l’ensemble des habitants de la région est la malaria, du fait que les remèdes appropriés ne soient plus disponibles dans la pharmacie du dispensaire, ce qui augmente la souffrance des malades et de leurs familles. »
Le centre médical, dont la superficie est réduite, accueille à peu près 150 cas différents quotidiennement. Mais les atteintes de malaria sont des plus nombreuses selon les responsables sanitaires sur place. « Aujourd’hui, il n’existe à la pharmacie aucune injection, ni solution buvable ni mème un comprimé », ajoute Dr Hassan.
L’infirmier Mouadh, qui dirige le dispensaire de Sikht, situé dans un village qui se trouve à environ 50 km de la ville de Gao, affirme pour sa part que « la pénurie concerne de nombreux médicaments : calmants, antiépileptiques, antalgiques, médicaments de l’appareil digestif, médicaments pédiatriques, gynécologiques, médicaments contre l’hépatite et l’infection urinaire, vitamines, pommades dermatologiques et insuline ».
Mouadh affirme également que « certains malades parviennent à acquérir des médicaments de contrebande qu’ils achètent à des trafiquants, et ce malgré le danger que représentent ces remèdes sur leur santé, tandis que de nombreux autres malades arrètent de se faire soigner et se retrouvent sur le point de mourir, faute de médicaments ».
Déplorant l’absence des instances financières du gouvernement et des mouvements nationaux Azawadiens, Mouadh explique que les habitants ainsi que le cadre médical affrontent seuls et avec leurs propres moyens les épidémies avant de s’écrier, indigné : « Ce sont des ètres humains qui attendent d’ètre secourus, aujourd’hui et non pas demain ; ici-bas et non pas dans l’au-delà !! O๠sont les instances financières ? O๠est l’Organisation Mondiale de la Santé ? O๠sont les organisations humanitaires ? »
Sidiki Mega, responsable sanitaire dans la ville de Gao, affirme, quant à lui, que les zones o๠se trouvent ces dispensaires sont considérées comme une ligne rouge : il est impossible d’y pénétrer et d’en sortir indemne, étant donnée la présence sur les lieux des mouvements armés. « Certes, le malaria représente actuellement un souci majeur pour le Mali et la propagation de l’épidémie pendant cette saison est prévisible. Cependant, mème si nous essayons d’y faire face autant que possible, nous ne pouvons pas envoyer les organismes sanitaires dans certaines régions par crainte d’enlèvements ou d’assassinats. », a-t-il expliqué en rejetant l’entière responsabilité de la détérioration des conditions sanitaires dans la région sur les groupuscules armés et la situation sécuritaire instable.
Par ailleurs, et en plus de la malaria, environ 200 enfants souffrent de façon inquiétante de malnutrition aigà¼e. De nombreux cas parmi eux deviennent critiques, selon les responsables du dispensaire de Tahaninet.
Aicha Weld Mohamed est une femme au foyer des alentours de Manca. Elle se plaint de voir se détériorer l’état de son fils : « Mon fils a été victime de nombreuses crises mais personne n’a décelé qu’il était atteint de malaria avant que ne s’écoulent 10 jours. Nous l’avons transporté au dispensaire du Sikht mais nous n’y avons pas trouvé de médicaments. Nous avons alors appelé certains membres de la famille installés à Bamako qui nous ont envoyé le remède. Mais actuellement, il le prend de façon discontinue. Dernièrement, sa santé s’est encore détériorée et il fait des malaises cardiaques à répétition, si bien qu’il se trouve désormais complètement isolé de ses amis. »
Le Dr Hassan Ala, directeur du dispensaire de Tahaninet considère cette situation humanitaire comme « complexe et préoccupante, étant donné que la malaria est une maladie chronique qui s’aggrave pendant l’automne pluvial qui est la saison la plus longue du pays à cause des mauvaises conditions sanitaires et à cause de la malnutrition.»