L’eau a encerclé le palais présidentiel au centre de Nouakchott, ainsi que la plupart des ministères, occasionnant une gêne pour les autorités mauritaniennes qui ont reçu, au palais des congrès, les délégations arabes participant au 27e sommet arabe qui s’est tenu à Nouakchott les 25 et 26 juillet.
Les pluies ont causé le blocage des routes de la capitale, engendrant la paralysie de la vie. Nombreux souks ont fermé en attendant que les autorités aspirent l’eau boueuse qui a inondé les marchés et les places publiques principales, surtout à Nouakchott-Ouest et Est.
Construite en 1960, Nouakchott ne dispose pas d’un réseau d'assainissement. Elle se retrouve inondée à chaque automne.
Le bureau national d’assainissement multiplie chaque année ses efforts, certes primitifs, pour faire face à cette situation désastreuse, en faisant appel à des dizaines de camions pour aspirer l’eau des rues principales.
Toutefois, le journaliste Ahmed Amine affirme que ces efforts restent insuffisants, faisant part de son étonnement qu’il existe une capitale qui ne dispose pas d’un réseau d’assainissement au 21e siècle.
Il accuse les gouvernements qui se sont succédé sans pouvoir installer une telle infrastructure, malgré l’existence d’un plan pour la construction d’un réseau d’assainissement début 2015. Mais, les travaux de construction n’ont pas été entamés. Il s’agit, selon lui, d’un autre projet fantôme.
L’activiste Karim Eddine Mohamed a attesté que l’argent et les ressources de l’Etat sont gaspillés sans qu’il y ait une infrastructure ou réseau d’assainissement, faisant part de sa consternation de la dilapidation de milliards d’Ouguiyas par le gouvernement pour le sommet arabe, alors que l’Etat est incapable de fournir à ses citoyens le strict minimum.
De son côté, Houda Mint Ahmed, une citoyenne mauritanienne, a indiqué qu’elle regrette la réalité de la capitale qui se trouve inondée à chaque précipitation de pluie. « Tous les pays du monde se réjouissent de la pluie, sauf les habitants de Nouakchott, dont la vie devient un enfer. Cette situation est catastrophique et l’Etat doit résoudre ce problème dans les plus brefs délais parce que nous avons marre des promesses non tenues », a-t-elle dit.
Les dangers de l’absence d’un réseau s’assainissement dépassent le côté esthétique de la capitale. Cette situation menace les habitants de maladies et d’épidémies à cause des flaques d’eau et des marécages.
A ce sujet, le docteur Abdessalam Weld Sidi Mohamed a indiqué que le véritable réseau d’assainissement a laissé la place à des conduites d’assainissement traditionnels, construits par les habitants de Nouakchott d’une manière anarchique. Selon lui, ces conduites constituent un danger puisqu’ils sont construits tout près de ceux de l’eau potable. Les microbes peuvent donc s’y introduire après la pluie.
Il affirme que l’absence d’un réseau d’assainissement est une véritable catastrophe. Les marécages ont contaminé l’eau potable dans nombreux quartiers du département de « Sabkha » et du Port, multipliant les cas de choléra, de bilharziose, de malaria et de dracunculose à Nouakchott.
L’absence d’un réseau d’assainissement est à la base de nombreuses critiques à l’égard du gouvernement qui a signé, en 2015, un accord avec la compagnie chinoise « CTA » pour la construction de ce projet en 36 mois.
L’accord, en cours de réalisation, consiste en la création d’un réseau de regroupement de l'eau pluviale dans les zones de basse altitude et les principaux axes, sur une superficie de plus de 15 km carré, avec des canaux de béton armé de 34 km de long.
Ce système permettra, selon les responsables du projet, de pomper quotidiennement 225000 mètres cube d’eau, permettant d’aspirer 50 mm d’eau pluviale en moins de 5 heures.
En attendant la mise en place de ce projet, la construction d’un réseau d’assainissement demeure un rêve pour le million d’habitants de Nouakchott.