Des milliers de pêcheurs artisans mauritaniens ont choisi ce métier soit par passion soit par obligation. Grâce à ces hommes, la pêche représente 10% du PIB et 35% des exportations en Mauritanie.
Cependant, plus de 45 mille familles de pêcheurs artisans et plus de 160 mille enfants vivent dans des conditions difficiles essentiellement faute de moyens et d’absence d’encadrement et de soutien de la part des autorités.
Mohamed est pêcheur depuis 1987. Il n’avait que 17 ans et avait déjà quitté l’école. « Aujourd’hui, je suis marié et je suis père de cinq enfants qui vont à l’école », souligne-t-il avec fierté.
Et d’ajouter : « malheureusement, je ne vois pas assez mes enfants et ils me manquent souvent ». Mohamed passe la plupart de son temps en mer. « Ma mission consiste à leur offrir de quoi subsister pour qu’ils puissent poursuivre leurs études. Par contre, c’est ma femme qui s’occupe de nos enfants pendant mon absence ».
Dans ce contexte, notre source déplore l’absence d’encadrement et d’assistance de la part du gouvernement. « Il n’y a pas d’écoles pour les enfants de pêcheurs ni de dispensaire ni de logement, pourtant il y’a des habitations pour la police, la douane, la gendarmerie et autres corps de métiers», regrette-t-il appelant les autorités à garantir le droit à la santé, à un logement digne et à l’éducation pour tous les enfants des pêcheurs artisans.
Jamal est, quant à lui, fils d’un pêcheur. Il a 16 ans et il est au secondaire. « Lorsque j’étais plus jeune, mon père me manquait beaucoup et je voulais tellement qu’il reste avec moi plus de temps pour partager avec lui mes meilleurs moments, mais il ne venait qu’un mois durant l’année », raconte-t-il.
« Je ne comprenais pas pourquoi mon père n’était jamais à la maison. Je vivais avec ma grand- mère à la campagne puisque ma mère est décédée d’un cancer. Maintenant je vis avec lui et je suis très content », explique-t-il.
La situation de Hawa est encore plus difficile. Elle a perdu son mari pêcheur et elle a aujourd’hui à sa charge trois filles et un garçon. « Depuis le décès de mon mari, mes efforts sont concentrés sur mes enfants, particulièrement les filles. Je dois gagner mon pain quotidien, préparer le repas trouver l’eau et collecter du bois pour le fumage des poissons », indique-t-elle.
Pour la sociologue Mint Ismail, l’absence continue du père peut influer négativement sur le développement psychologique de l’enfant.
« Cette absence peut causer différents problèmes psychiques qui se traduisent par le refus de communication, la solitude et le rejet de l’école », précise-t-elle.