El Wely Mohameden qui officiait en qualité de comptable à la SONADER, soutient ne rien comprendre à cette décision de licenciement. « J’étais dans mon bureau, on m’a apporté un document que je devais signer sans savoir le réel motif. J’ai tenté de savoir si j’avais commis une faute mais non m’a-t-on précisé. C’est seulement une décision du directeur général m’a-t-on affirmé. Je suis dans cette boîte depuis plus d’une année et je suis viré sans raison valable, voyez vous-même ce que cela fait pour un jeune de mon âge qui avait l’ambition de faire une carrière pour servir son pays », a lâché El Wely Mohameden la voix cassée au téléphone !
Marième a, quant à elle, passé trois années à la SOANDER. Elle n’arrive pas encore à réaliser qu’elle a été licenciée d’un jour au lendemain. « Nous sommes des jeunes et nous sommes en mesure de servir notre pays. On nous met à la porte sous prétexte que nous ne comprenons rien », affirme la jeune dame.
« Alors que les salons sur l’emploi des jeunes ne cessent de recommander l’insertion des diplômés chômeurs, la SONADER agit de la sorte à notre égard. Vraiment, je suis très surprise par cette décision », martèle Marième.
A 26 ans, cette diplômée de l’Université de Nouakchott, mariée et mère de 2 enfants ne désespère pas toutefois que les autorités reviennent un jour sur leur décision.
Cheîkhna Coulibaly est tout simplement désemparé suite à cette décision, nous a-t-il confié. « En tant que jeune informaticien, j’ai passé une année au sein de la SONADER. Nous ne savons pas encore ce que nous devons faire » a-t-il dit. « Nous attendons de nous concerter pour voir si nous devons avoir recours à la justice ou saisir l’inspection du travail », ajoute Cheîkhna.
L’image de la SONADER, une société jadis crédible et qui a fait d’énormes réalisations sur le plan agricole se trouve aujourd’hui écornée par ces licenciements abusifs.
Selon la direction générale de la SONADER qui nous a fait parvenir une note écrite et signée par Issa Mohamed Talhatta son DG, la législation et réglementation relatives aux recrutements dans les deux secteurs publics et parapublics exigent que tous les recrutements dans le secteur public (fonction publique) et le secteur parapublic (les Etablissements publics) se fassent par voie de concours.
Pour renforcer ce dispositif légal et réglementaire, poursuit cette note, le gouvernement a insisté récemment, dans le cadre de la Circulaire relative aux recrutements, sur l’obligation pour les recrutements de se conformer à une procédure transparente qui passe nécessairement par un concours.
Cependant, pour le cas de ces agents licenciés, la procédure suivie pour leur recrutement a totalement ignoré cet aspect de la loi du travail, conclut la note.
De son côté, le secrétaire général de la CGTM (Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie) estime que le licenciement de ces agents est contraire aux dispositions légales régissant les relations professionnelles entre eux et la SOANDER en l'occurrence le code de travail, car la SONADER est un EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial) où les rapports avec le personnel sont régis par le code du travail. Seuls les EPA (établissements publics à caractère administratif) sont soumis aux dispositions du statut de la fonction publique si une dérogation n'est explicitée par un décret.
Par conséquent ajoute le dirigeant syndical, l'allégation de recrutement sans concours ne tient pas au vu des dispositions du présent code et de la convention collective.
Pour sa part, l’inspection régionale du travail n’a pas voulu se prononcer sur cette affaire.