Les résultats de la dernière étude en date sur l’expansion de cette épidémie dans le pays ont fait l’effet d’un choc sur les instances sanitaires, dans la mesure où elles ont révélé que les personnes atteintes de la maladie dépassent les 20 % de la population globale, laquelle compte à peu près trois millions d’individus.
Le ministère mauritanien de la santé précise par ailleurs que cette étude a été réalisée à partir de statistiques effectuées sur la population des donneurs de sang et des femmes enceintes. Il explique également que les infections concomitantes aux virus "B" et "D", infections particulièrement répandues en Mauritanie, représentent un facteur aggravant du risque de transmission de l’atteinte virale.
Aussi, sous le slogan " Réfléchissons de nouveau ", le ministère mauritanien de la santé a-t-il lancé une série d’actions ayant pour objectifs, d’abord, de sensibiliser les citoyens à la gravité de la maladie ; ensuite, de les renseigner sur les modes de transmission de l’hépatite et sur les moyens de s’en prévenir de sorte que le virus ne soit plus transmis de la mère à l’enfant et, enfin, de garantir que toutes les personnes porteuses du virus soient prises en charge.
Le gouvernement mauritanien a donc décidé d’affronter l’épidémie au moyen de nombreuses mesures préventives pouvant limiter sa propagation. Au sujet de ces mesures, le docteur Sid Mohamed Ouelt El Hadj, directeur de l’hôpital de Bourate, déclare à Dunes Voices que « la Mauritanie a engagé un certain nombre d’actions urgentes parmi lesquelles l’introduction du vaccin Pentacoq qui contient, entre autres composantes, un antiviral " B" dont le taux de couverture a atteint à peu près les 44 %, l’année dernière ».
Ouelt El Hadj assure également que l’utilisation d’une eau polluée par la plupart des habitants des zones rurales a contribué de manière inquiétante à l’expansion de la maladie. Aussi considère-t-il qu’il est possible de limiter le phénomène en fournissant à la population une eau potable saine et un calendrier de vaccination préventive, en renforçant les contrôles dans tous les établissements de santé et en procurant de la nourriture saine, de la propreté, ainsi qu’un système d’évacuation sanitaire adéquat.
Notre interlocuteur considère par ailleurs que le dépistage rendu obligatoire depuis l’année 2013 auprès des femmes enceintes a aidé à la circonscription de la maladie dans les grandes villes mais que, dans les zones rurales et dans les campagnes, l’absence de suivi sanitaire a eu pour conséquence que l’épidémie soit massivement transmise de la mère à l’enfant. En effet, non seulement il existe un manque de laboratoires dans les relais de santé disponibles dans ces zones ; mais encore, et du fait de certains us et coutumes erronés, les habitants de ces régions ne sont pas adeptes du suivi régulier de la santé de la femme enceinte.
Susten Zumberi, représentant de l’Organisation Mondiale de la Santé à Nouakchott, a récemment salué les efforts consentis par l’état mauritanien dans le cadre de la lutte contre l’hépatite, en l’occurrence l’introduction du vaccin contre le virus "B" dans le calendrier de vaccination général, l’élaboration d’une stratégie globale et d’un programme national de lutte contre la maladie, ainsi que la création d’un institut spécialisé dans les atteintes hépatiques.
L’Organisation Mondiale de la Santé assure que l’hépatite représente un défi global aussi bien pour elle que pour les Mauritaniens, à une échelle plus spécifique. Chaque année en effet, cette maladie tue près d’un million et demi de personnes atteintes à travers le monde, dont 3500 Mauritaniens. L’organisation précise encore qu’un vaccin sûr et efficace contre l’hépatite est désormais disponible et qu’il a été introduit dans le programme mauritanien global de vaccination. Tel est d’ailleurs le programme sur lequel compte l’organisation pour contrer cette épidémie mortelle.