Ici, les habitants se trouvent à chaque fois contraints à un déplacement massif vers les dunes de sables proches de leurs maisons où, pour se protéger des aléas de la nature, ils montent des tentes ou se construisent des abris de fortune avec des matériaux très rudimentaires comme le bambou ou le bois. Cela se reproduit tous les ans au début de la saison pluvieuse au milieu du mécontentement général des habitants victimes de l’absence totale de tout soutient de la part de l’Etat.
Ibillil, un sexagénaire vivant à Tamurt Anaaj, explique à Dunes Voices que l’histoire de leur errance automnale est loin d’être récente, du fait que la plupart des quartiers en questions soient situés au-dessus d’un lac saisonnier vers lequel affluent plus d’une centaine de Oueds du Tagant comme d’autres régions de Mauritanie. C’est d’ailleurs ce qui expose leurs maisons aux risques d’effondrements et, au meilleur des cas, aux inondations.
Ibillil ajoute également que la plupart des habitants déplacés de chez eux appartiennent à la catégorie des anciens esclaves et travaillent dans l’agriculture et dans le pâturage en plus d’autres métiers artisanaux qui les aident à gagner leurs vies.
Pourtant, et malgré le lourd tribu qu’il leur faudra payer comme il le reconnaît lui-même, Ibillil, en nous parlant, ne cache pas sa joie de voir une saison agricole aussi prometteuse, à en croire les pluies torrentielles qui se sont abattues sur la région.
Mbarka, elle, vient à peine de goûter à la jouissance que procure l’électricité. En effet, son quartier, "Fom Ajjar", vient d’être relié pour la première fois de son histoire aux lignes électriques. Aussi ne cache-t-elle pas son courroux de voir sa famille obligée de se déplacer vers la région d’"El Montay" dépourvue des conditions minimales pour vivre. Mbarka explique que cette année, le déplacement est encore plus mal vécu par ses enfants que les années précédentes, puisque les deux derniers mois ont été suffisants pour qu’ils s’habituent à regarder la télévision et à suivre les dessins animés, après que le premier réseau électrique dans l’histoire de la commune eut été lancé et étendu à la plupart des quartiers.
Mbarka ne désespère pas toutefois de pouvoir, très prochainement, retourner chez elle, même si elle ne s’attend pas vraiment à voir sécher les eaux qui encerclent les alentours du chef-lieu de la commune avant le mois d’octobre prochain, date à laquelle les écoles ouvrent leurs portes en Mauritanie.
Par ailleurs, et à cause des constructions anarchiques, il n’existe pas de plan architectural clairement défini dans la commune de Tamurt Anaaj, ni dans son chef-lieu "Anbikeh" d’ailleurs,. C’est ce qui a poussé le gouvernement mauritanien, il y a quelques semaines, à rendre public un arrêt décidant l’adoption d’un plan de restructuration et d’élargissement de la ville d’"Anbikeh" et lui accordant le statut de projet à utilité publique.
Le plan dont il est question et que Dunes Voices a pu consulter s’inscrit dans le cadre de tout un programme de modernisation et d’élargissement de la commune, programme qui a pour but d’améliorer les conditions de vie des citoyens et de prendre en considération les exigences de la vie moderne et le respect de l’intimité et des spécificités des familles vivant principalement de l’élevage et de l’agriculture.
Tamurt Anaaj est la troisième plus grande commune rurale de Mauritanie. Elle comprend de grands pans de L’Oued Labiadh, de nombreuses parcelles du centre, de l’ouest et du sud de la colline du Tagant, ainsi que l’oued et le lac Tamurt Anaaj dont elle tient d’ailleurs son nom.