il est impressionnant de constater qu’un autre danger écologique guette également ses quartiers est et nord dont les rues perdent de plus en plus de terrain face à l’avancée rampante des vagues de sable que le gouvernement ne cesse de tenter de stopper, en vain…
Le quartier des « Soukouk », dans le nord de Nouakchott, est l’un des quartiers de la ville les plus touchés par le phénomène de l’ensablement, dans la mesure où la hauteur des dunes de sable peut aller jusqu’à 11 mètres. Et c’est avec des moyens très rudimentaires que les habitants de ce quartier huppé prennent part aux campagnes de boisement menées par le Ministère de l’Environnement qui tente de lutter autant qu’il peut le faire contre la désertification qui menace d’ensevelir les habitations de la population.
Les habitants du quartier ne se contentent d’ailleurs pas des campagnes de boisement dont ils savent très bien qu’elles mettront de longues années à donner réellement les résultats escomptés ; ils louent toutes les semaines de grands bulldozers et des camions qu’ils utilisent pour dégager les routes que l’ensablement rend impraticables, notamment près du complexe Shéhérazade.
Ouelt Assebaï, qui est une des victimes du quartier des « Soukouk » dévasté par le sable, affirme à ce propos : « L’état mauritanien a tardé à réaliser le danger de la désertification et n’a pas fait son devoir pour lutter contre ce grave phénomène écologique qui ne cesse de se propager et qui tend à échapper à tout contrôle ».
Dans ses déclarations à dunes Voices, Ouelt Assebaï a également appelé à ce que la barrière de sable située sur les côtes à l’extérieur de la capitale soit renforcée et entretenue en repoussant les sables accumulés dans sa direction, en intervenant immédiatement chaque fois que des brèches s’y déclarent et en y plantant des arbustes résistants au sel et adaptés à l’environnement avec la densité adéquate.
Par ailleurs, Ouelt Assebaï assure qu’à quelque chose malheur est bon. En effet, les sables qui ont assiégé son quartier, malgré leurs nombreux inconvénients, ont eu quelque chose d’avantageux pour les habitants : les prix des lots de terrain dans le quartier des « Soukouk » ont doublé plusieurs dizaines de fois par rapport au prix de ceux qui se trouvent dans d’autres quartiers tout aussi submersibles, tels que « Las Palmas », « Ah Nour », « Af Nour » et le vieux « Louxor », en plus de la plupart des quartiers de Sabkha et de Mina.
Et, afin de savoir ce que pense le Ministère de l'Environnement de ces sables dévastateurs dans lesquels s'enlisent jour après jours les quartiers de la ville, nous nous sommes rendu au siège de l'institution à Nouakchott où nous avons obtenu le dernier rapport rédigé sur ce grave problème qui met en péril plus de 80 % de la superficie générale du pays.
Tout en mettant en garde contre l’expansion du fléau en Mauritanie, ledit rapport explique que l’étendue du phénomène est en train de s’élargir à un rythme extrêmement rapide, dans la mesure où les sables avancent chaque année d'entre 4 et 6 kilomètres.
Le rapport précise encore que le fait que les habitants aient principalement recours au charbon pour se chauffer, pour faire à manger et pour les autres besoins de leur vie quotidienne d'une manière générale a considérablement contribué au rétrécissement de la superficie forestière dans le pays, superficie estimée à près de 4387000 hectares. Il y est également noté que la production annuelle de bois est estimée à près de 565000 M3, tandis que la consommation annuelle est d’à peu près 8.1 M3, soit l’équivalent de trois fois la capacité de pourvoi naturelle des forêts.
Dans le même contexte, le rapport relève également que la moyenne annuelle de la demande de la population est de 9.38 kilogrammes de charbon et de 190 kilogrammes de bois par habitant, ce qui provoque la destruction de 4000 hectares de forêt chaque année et nécessite donc un rythme annuel de 5000 hectares annuels pour reboiser de nouveau ces forêts.
Pour affronter ce problème, le gouvernement mauritanien a lancé, en collaboration avec ses partenaires européens, le plan d’action spécifique pour protéger Nouakchott de la désertification et de la marée. Ce programme avait pour objectif de planter deux millions d’arbres sur une surface allant jusqu’à 2000 hectares. Mais jusqu’à présent 1300 hectares seulement ont été reboisés, dont 700 de manière inappropriée, selon certains experts en la matière.
Les experts affirment également que c’est l’embauche, par le gouvernement mauritanien, d’employés venant des secteurs publics et non qualifiés pour prendre part à ce genre d’interventions, en l’occurrence aux campagnes de reboisement bénévoles, qui a, entre autres, mis un frein à l’efficacité de la lutte contre la désertification, d’autant que 70 % des arbustes plantés aux extrémités de la capitale sont morts par manque de savoir-faire de la part de ceux qui les ont plantés. Mais, d’un autre côté, les raisons de cet échec tiennent aussi à la sécheresse et à la rareté des pluies aussi bien à Nouakchott que dans les provinces proches de la capitale.