Des habitants qui relèguent toute préoccupation au deuxième rang après celle de la recherche de l’eau potable. Un manque d’eau dont les répercussions touchent tous les aspects de la vie de la population de la ville. Certains habitants de la ville ont même choisi tout simplement de la quitter et retourner en brousses, à cause de la soif.
Le problème a commencé il y a deux ans. Le niveau d’eau dans les puits avoisinants la ville a alors baissé, à cause des faibles précipitations depuis lors. C’est du moins l’explication des techniciens de la Société nationale des Eaux (SNDE).La quantité d’eau n’a cessé de diminuer progressivement durant cette période. Aujourd’hui, le réseau est complètement asséché. Les robinets ne servent plus à rien, même en plein centre-ville et dans des bâtiments et buildings administratifs et officiels.
La pénurie d’eau dans la ville pousse les habitants à se servir de puits primitifs creusés dans les années 70 et 80. Dans ces puits, les jerricans de 20 litres d’eau coûtent, en période de sécheresse, entre 800 et 1.000 ouguiyas (entre 2.20 et 2.75 euros). Durant les dernières décennies, ces puits servaient de dépotoirs de charognes et d’ordures. Ce qui expliquerait en partie la parution récente et remarquée de cas sérieux de diarrhée.En outre, des commerçants en profitent. Ils se sont approprié des citernes qu’ils remplissent d’eau pour la vente publique à des prix défiant ceux des produits alimentaires les plus chers de la ville.
La soif a suscité un fort exode familial vers les quelques quartiers qui jouissent encore de cette denrée rare. D’autres familles ont préféré retourner en brousses. Elles laissent souvent leurs enfants chez leurs voisins et/ou proches pour ne pas rompre leur scolarité.
ZeïnebouMint Ismaïl est activiste dans la société civile. Selon elle «la vie est devenue insupportable dans la ville». Elle poursuit «Vous n’iriez pas me croire si je vous dis que des familles voisines, bien que pauvres, sont obligées d’acheter des eaux minérales pour préparer le petit déjeuner de leurs enfants avant qu’ils ne partent à l’école».
MahfoudhOuldTebella habite au quartier Tmicha. Il dit que «des poussées de fièvre sont observées chez les enfants assoiffés de Kiffa. C’est une situation qui brise les cœurs».
LoutOuld Sid Yahyatémoigne: «Notre robinet est sec depuis trois ans. Nous sommes obligés de boire l’eau sale et insalubre d’un puits creusé dans les années 60 et s’étant transforméen dépotoir d’ordures».
ZeïnebouMint Mahmoud dit que beaucoup d’habitants du quartier Nezaha cherchent l’eau auprès des camions qui traversent la route de l’espoir. «Les vases dans les mains, ils les supplient dans des scènes désolantes »a-t-elle dit.
Le maire de la commune de Kiffa, Amine OuldBbo, dit que la soif de la ville le trouble. Selon lui, la mairie distribue des quantités d’eau sur les habitants des quartiers marginaux. Pour cela, elle se serait acquiert des citernes mises à la disposition de ce service.
Les autorités ne proposent pas d’autres pistes de réflexion: la solution définitive de ce problème passe par un projet dont l’étude de faisabilité est actuellement en cours. Il s’agit de l’approvisionnement de la ville en eau à partir du barrage FoumLeghleïta (150 km de la ville). Les populations, elles, disent qu’il s’agit d’un laisser-aller et une inaction face à un calvaire humain. La situation exigerait une solution urgente en attendant la solution définitive.