Abdatt est l’un des rescapés de la dernière collision survenue le 21 novembre de cette année. Il considère que la couverture sociale des pêcheurs artisans de Nouadhibou est un rêve.
« Il y’a quelque jours ma pirogue a été percutée par un bateau de pêche. J’ai perdu l’un de mes meilleurs marins en plus j’ai passé 72h en garde à vue à la brigade de la gendarmerie », nous confie-t-il ajoutant qu’il n y a même pas de sauvetage à Nouadhibou.
Hamadi Ould Ely, Président de la fédération libre de pêche artisanale (FLPA) indique que « la gestion de la pêche a connu des grands changements. La surpêche a provoqué la montée des pressions sociales et économiques. La grande majorité des pêcheurs artisans doit désormais travailler différemment aller plus loin et rester plus longtemps. Les accidents que subissent les embarcations de pêche artisanale sont l’une des causes importantes de décès des pêcheurs, mais pas la seule. Les pêcheurs souffrent également de maladies ou de lésions d’ordre purement professionnel » estime-t-il.
El abghary, un autre pêcheur délaissé dit « je n’ai jamais entendu parler de la couverture sociale. J’ai débuté à travailler en mer à l’âge de 20 ans. J’ai travaillé sur les pirogues de pêche artisanales. Je suis tombé malade en 2003, après 10 ans on m’a coupé le tibia gauche et depuis je travaille dans la réparation des engins de pêche. Je ne peux pas rester sans travail, je suis père de huit enfants dont six filles et deux garçons. Je pense que j’ai des droits moi qui n’ai jamais rien reçu de l’état » réclame-t-il.
Les législations et réglementations en matière de couverture sociale et de santé dans le domaine de la pêche artisanale semblent différer grandement en Mauritanie. Pour la direction de la pêche artisanale et côtière (DPAC) « Les pêcheurs travaillant sur les petites embarcations sont soumis à moins de réglementation actuellement. Ce segment enregistre le plus grand nombre de pertes de vies humaines à cause de l’absence à bord des embarcations artisanales des conditions minimales de sécurité et de sauvetage. En conséquence, il est nécessaire de concevoir et de déployer un dispositif opérationnel pour sécuriser cette activité qui accueille plus de 90% des effectifs employés par le secteur. Le caractère informel des composantes de ce sous secteur influe également sur la protection que peut leur offrir la législation et la réglementation visant d’autres travailleurs. Mais la nouvelle stratégie de pêche 2015-2019, met en avance l’urgence de l’amélioration de la sécurité des pêcheurs et leur couverture sociale »
Pour Ahmedou Ould abdallahi, propriétaire d’embarcations, « le rôle des assurances est important ». Elles peuvent, selon lui, faire avancer la sécurité et la santé dans notre secteur.
Et d’ajouter : « Toutefois, il est permis de douter que tous les assureurs récompenseront comme il se doit les armateurs méritants dans ce domaine, ou encore ceux qui appliquent ou améliorent les méthodes de prévention des accidents. Pour le bien des pêcheurs, l’absence de protection est un grave problème. La nature même des opérations de pêche fait que les pêcheurs ne peuvent bénéficier de façon immédiate de soins médicaux. Dans ce domaine, il importe de : garantir l’existence d’examens adéquats et périodiques, la formation des équipages au secourisme et à d’autres aspects de la médecine, la disponibilité d’un équipement médical adéquat et des instructions claires relatives à son utilisation, l’offre de conseils - par radio en provenance de services médicaux à terre et des possibilités d’évacuation pour des raisons médicales de pêcheurs gravement blessés ou malades » propose-t-il
Signalons que les prises de la pêche artisanale contribuent à l’approvisionnement du marché local et alimentent la filière export.