A peine descendu pour prendre des photos, une voix s’élève à l’intérieur du véhicule « vous êtes journaliste, il faut rendre compte fidèlement de la situation que vous avez vu ici , nous vivons le calvaire ici, voyez, ces eaux stagnantes, les immondices d’ordures qui pataugent dans ces eaux , personnes ne vient pour nous aider dans cette situation ». Awa Fall déplore l’absence de caniveaux pour évacuer ces eaux stagnantes qui selon elle génère toutes sortes de maladies. Venez voir monsieur lance t-elle à notre égard, « nous sommes obligées pour accéder à nos maison de traverser ces eaux stagnantes, les pieds dans l’eau. Aucun taxi n’accepte de traverser ces eaux stagnantes ». Pour se rendre au marché, c’est encore pire affirme cette femme de 45 ans. Nos enfants dorment difficilement la nuit à cause des moustiques qui font des ravages. Je ne parle pas des odeurs nauséabondes qui se dégagent de ces eaux usées stagnantes dans le quartier.
Nous progressons un peu plus loin, dans le quartier de Netegh, à El Mina, où nous rencontrons Brahim devant sa maison, il venait tout juste de finir de vider dans la rue, les eaux usées de la fosse sceptique de sa maison. Mais ce n’est pas hygiénique ce que vous venez de faire M. Brahim, je n’ai pas le choix, c’est la seule possibilité qui s’offre à nous qui habitons ce quartier. Même si nos porte-monnaie peuvent supporter la location d’une citerne pour le vidange des fosses, les faire venir ici, relève d’un parcours du combattant a affirmé notre interlocuteur. Depuis que nous avons habité ce quartier, la situation est toujours la même, pas d’évolution a affirmé Brahim. Nous sommes ceinturé par les eaux stagnantes renchérit l’ex-policier. Sa femme Tako s’approche de nous, ces fosses de vidanges représentent beaucoup de risques pour nous car mon petit fils que vous voyez là, s’est un jour noyé dans cette fosse de vidange d’eau usée. Heureusement que ma fillette, sa petite sœur a couru à l’intérieur de la maison pour m’avertir, nous sommes sortis en courant et nous l’avons repêché, il a vomis, on le croyait mort mais heureusement qu’il s’en est sorti indemne. C’est un miracle auquel je n’arrive pas à croire encore a affirmé Tako!
Non loin de la mairie d’El Mina, nous nous engouffrons dans une maison inondée d’eau. Un jeune du nom d’Ousmane Sao nous renvoie les salutations mais refuse d’être photographié. Pour entrer dans sa chambre, il a fallu enjamber l’eau. « Vous voyez, cette situation chaotique, la maison était remplie d’eau. Les autres chambres vides ont été désertées par leurs occupants qui ne peuvent plus supporter cette situation ». Le locataire de la chambre qui est au fond, nous indique Ousmane n’a pas encore quitté mais il est absent depuis hier en attendant que la maison sèche. « Regardez, ces briques posés dans l’eau, c’est pour pouvoir accéder à sa chambre sans être mouillé. Et quant à moi, je n’ai pas le choix, je suis instituteur, en vacances et je loge avec des amis qui ne peuvent s’éloigner d’ici. Aller habiter au PK, est une option qui ne les arrange pas eu égard au problème de transport qui se pose dans la capitale ».
Partout dans ces deux quartiers, le décor qui saute aux yeux est le même. Routes impraticables et défoncées, embouteillages, transports en commun cauchemardesques, réseau d’évacuation des eaux inexistant, la plupart des habitants de Sebkha, d’El Mina, n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. L’eau a envahi de nombreuses maisons et coupé des routes, le spectacle est plus que désolant, angoissant dirions nous.
Avec la stagnation des eaux, c’est la pestilence des odeurs, dans le vrombissement des mouches et des moustiques. Les autorités communales et les pouvoirs publics à travers l’ONAS tentent quelques initiatives pour venir en aide aux populations sinistrées. Des camions de l’ONAS sillonnent les quartiers de Sebkha et d’El Mina pour évacuer les eaux stagnantes mais malheureusement ces moyens demeurent insuffisants pour face au problème.
Le Président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz avait lors des inondations de septembre 2013 reconnu l’insuffisance des moyens détenus par le gouvernement pour faire face aux inondations qui ont causé de nombreux sinistres dans la capitale.
Le chef de l’Etat affirmait dans le même ordre d’idées « les pouvoirs publics actuels ont réfléchi très tôt à la réalisation d’un réseau d’assainissement et ce depuis 3 ans et ont contracté avec une société chinoise. Mais il s’est avéré que le coût d’un tel projet est prohibitif, ce qui a conduit les hautes autorités à stopper ce contrat et à soumettre le problème à l’étude », soulignant que l’Etat est déterminé à réaliser un réseau d’assainissement permettant l’existence et la pérennité de notre capitale et évitant à ses habitants de souffrir des conséquences des pluies.