J'attends que mon garçon grandisse pour qu'il puisse travailler comme aide-ménagère afin de m'aider à subvenir à nos besoins". C'est avec ce tableau noir que Mariem Teslem a résumé sa vie et celle de ses trois enfants. Un enfer, depuis que son mari l'a abandonnée alors que leur petite fille "Aïcha" n'était qu'un bébé.
Dans une déclaration à "dune-voices", Mariem Taslem a indiqué que son travail de femme de ménage lui rapporte mensuellement 17 mille ouguiyas (moins de 50 Euros). Il s'agit de sa principale source d'argent, avec les aides d'autres familles de son quartier et les allocations qu'elle reçoit, de temps à autre, de la part du département des affaires sociales.
Assise sous le soleil dans la banlieue de Alek, scrutant l’horizon, Mariem relate son calvaire depuis qu'une tempête de sable avait détruit la petite maison en bois qui l'hébergeait elle et ses trois enfants. C’était pendant la saison des pluies. Désormais, la maison est insalubre.
Quant à "Oum Alkhayrat", mère de quatre enfants, une fille et trois garçons, elle vit dans une maison en argile dans le village de "Hayer Kliri", située dans la banlieue de "Bababadr Fakh", pas loin d’Alek. Elle prépare le diner pour pas moins de dix familles du quartier pour une somme aléatoire, qui dépend de la quantité des repas.
Le diner de la plupart des habitants de la campagne mauritanienne consiste en l'un des deux plats, connus localement sous les noms de "Bassi" et "Al ich". Nombre de familles louent les services de familles d’anciens esclaves affranchis pour préparer le diner, à base de grains de blé. C'est la femme qui se charge de ce genre de tâches.
Quant au père de famille, la visite de "dune-voices" coïncidait avec sa présence dans une ferme au bord de la rivière du Sénégal à 10 km du quartier, où il se prépare à la saison de moisson dans quelques semaines. La plus âgée des filles, 14 ans, ramène l'eau de l'unique source dans la région et aide sa mère à préparer le diner.
"Yaslem Weld Sidati" est le père de quatre filles. Il travaille comme vendeur d’herbe de bétail. Il se rend avec sa charrette aux prairies pour ramener de "l'herbe" qu'il vend dans l'une des villes ou des groupements d'habitations qui font l'élevage du bétail dans les villes, pour 200 ouguiyas la "Khancha" (botte). Le prix atteint les 600 ouguiyas pendant l'été lorsque l'herbe du bétail devient rare.
Yaslem affirme que l'isolation de la campagne du nord du département de "Brakna" et le manque de transports pour s'y rendre ont contribué à l'augmentation du coût de la vie. Le coût du transport est rajouté aux prix des produits alimentaires les rendant extrêmement chers, surtout en l'absence d'emplois.
Les habitants de nombreuses régions situées au bord de la rivière du Sénégal jouissent des aides fournies par le département des affaires islamiques. Ce département octroie un soutien financier annuel au profit des catégories les plus démunies, spécialement les femmes et les personnes porteuses de handicap, et ce à travers la réalisation de projets et le financement de quelques coopératives féministes, ainsi que les aides accordées par la caisse régionale du développement de la province.
Ces familles appartiennent à la tranche de la population qui vit avec moins de deux dollars, peut-être même sous la barre de un dollar par jour. Par ailleurs, même ces petits revenus sont aléatoires et dépendent des conditions climatiques et environnementales, faisant courir à ces populations le risque de famine, comme près de 15 % de la population mauritanienne, selon les chiffres de la FAO.
Il est à souligner que ces régions, qui s'étendent le long de la rivière du Sénégal, connaissent une activité particulière des organisations caritatives arabes et islamiques, outre les partenaires de développement de la Mauritanie, ainsi que les organisations de christianisation. Ces dernières sont très actives dans ces régions, habitées par plus de 90% de la minorité noire ne parlant pas la langue arabe.