L’excision est l'ablation du capuchon clitoridien, voire du clitoris en entier afin d’enlever, selon les anciennes croyances, le diable qui se cache là-bas et de protéger les filles des envies sexuelles qui peuvent les pousser à commettre des « pratiques immorales ».
Malgré le recours aux scientifiques du pays pour les campagnes de sensibilisation organisées par les autorités mauritaniennes pour lutter contre l‘excision, les victimes ne font que se multiplier selon les associations de la société civile en charge de ce dossier.
La ville de « Majria », située au centre du pays, est considérée comme un cas exceptionnel en Mauritanie. Ses trois mille habitants ont annoncé l’abandon de cette coutume, mettant en place des lois locales stipulant l’emprisonnement de ceux qui la pratiquent. Une fête, à laquelle ont pris part les autorités administratives et la plupart des habitants, a été organisée à l’occasion.
L’activiste « Sayed Ahmed » a expliqué que cet accomplissement historique est le résultat du dialogue des générations dans la ville. Nombre de ses jeunes ont organisé des campagnes de sensibilisation afin d’expliquer aux habitants les dangers de l’excision. Ils ont également installé une grande pancarte à l’entrée de la ville pour rappeler aux visiteurs les dangers de cette pratique.
De son côté, « Lella Mont Sambit », une activiste de la société civile et victime de l’excision, a affirmé que cette décision unanime des habitants de Majria est intervenue suite à de longues campagnes de sensibilisation mettant en garde contre le danger de cette pratique sur les petites filles, puisqu’elle engendre une malformation congénitale et, souvent, l’infertilité. Parfois, elle cause le décès des filles à cause des hémorragies.
Afin de lutter contre l’excision, le ministère mauritanien des Affaires sociales et de la famille affirme qu’il prépare actuellement une stratégie nationale visant essentiellement la sensibilisation de la société, surtout dans les régions rurales les plus marginalisées, où l’excision est considérée comme une pratique religieuse et une coutume traditionnelle.
Dans son dernier rapport, le département ministériel indique qu’il concentre ses efforts sur la sensibilisation des dangers de l’excision afin de convaincre les habitants à l’abandonner. Il affirme également que ces campagnes sont canalisées sur les cinq régions connues par une forte présence de l’excision. Il s’agit des départements du bassin est, de Brakna, de Ghourghoul, de Tagant et de Trarza), où les campagnes ont atteint 500 milles jeunes.
Selon des statistiques non officielles, l’excision touche 70% des femmes en Mauritanie, avec, une hausse considérable chez la communauté des « Soninkés » habitant dans les gouvernorats du sud (l’excision a atteint les 98%). Chez la communauté des « Taklors » elle atteint les 97%, alors qu’elle ne dépasse pas les 73% dans les autres gouvernorats de la Mauritanie, habités par les « Bîdhâns » et les « Haratines ».