Le vol à main armée est devenu pour la population de Bamako un véritable casse-tête. Pour y remédier, elle recourt à ce qu’elle appelle, l’article 320. Il consiste à brûler vif tout voleur intercepté.
L’article 320 n’est pas dans le code pénal malien. Au fait c’est un article inventé par la population elle-même dans les années 1990, en référence au prix de l’essence (300 CFA) et de l’allumette (20 CFA) à l’époque.
La procédure est toute simple. « Ils les battent, ensuite, ils leur versent de l’essence dessus avant de mettre le feu » explique Ousmane Traoré, transporteur.
Des scènes telles que celle décrite par Ousmane sont devenues monnaie courante à Bamako, depuis la fin de l’année 2013. « Nous faisons au moins cinq à six interventions par mois, concernant ce phénomène» confirme Le Lieutenant Faguemba Keita, Directeur Régional de la protection civile de Bamako.
La recrudescence de ce phénomène met en cause les systèmes, tant sécuritaire que judiciaire. Il y a une rupture de confiance entre la population et ceux qui sont sensés la protéger. « Si tu amènes un voleur à la police, le lendemain tu le verras dans la circulation. Les juges ne font pas leur travail, les policiers encore moins. Ils sont tous corrompus », s’indigne Ousmane Traoré.
Une accusation bien fondée, selon une source policière sous couvert d’anonymat. « Les policiers ne font pas leur travail, parce qu’ils ne sont pas motivés. Les chefs les empêchent de prendre des initiatives alors qu’eux-mêmes n’en prennent aucune. C’est pour cela que la population se sent sans protection. » Confie-t-il.
Pendant que Ousmane Traoré affirme « j’aime cette pratique », pour certains cet acte relève de la pire barbarie. « Ça me met en boule. On ne peut rendre justice soi même, dans un pays où il y a la justice. » s’insurge Souleymane Koné, commerçant.
Que l’on soit pour ou contre cette pratique, la loi est claire. Il est indiqué dans le code pénal, en son article 199 que, « Nul n’a le droit de porter atteinte à la vie d’autrui ». Ceux qui s’adonnent donc à ce système de justice populaire ne « sont au fait que des criminels et seront jugés comme tels » selon M. MAIGA Mahamane Agaly, Procureur du tribunal de la commune VI de Bamako. Ils risquent « 10 ans de prison ou la réclusion criminelle à perpétuité » poursuit-il.
Le Mali a signé plusieurs conventions portant la protection de l’homme. Ne serait-il pas plus judicieux de lutter pour l’application de ces textes, que de se laisser tomber dans une société où la loi du plus fort l’emporte ?