Partant du constat partagé par les Maliens, citoyens et experts, que les revenus du secteur minier de leur pays ne correspondent pas au fort potentiel, dont il dispose, les professionnels du secteur ont décidé d’installer une nouvelle dynamique pour assurer la promotion des activités du secteur. Il s’agit surtout d’installer une nouvelle structure organisationnelle qui tient compte des préoccupations du secteur et sera gérée de manière collective. « y en a marre », dit Idrissa, l’un des membres fondateurs du Groupement, qu’il présente comme ‘corporatiste, défendant tous les intervenants de l’investisseur à l’ouvrier’.
Idrissa insiste sur le fait que ‘la transparence est absente dans le secteur des mines’ et que les membres du “Groupement des professionnels du secteur minier “ proviennent des quatre branches d’activités du secteur minier : recherche-exploitation industrielle ; sous-traitance ; artisanat minier et comptoir d’achat et enfin le secteur des matériaux de construction.
Le syndicat professionnel en gestation aura donc pour mission, entre autres, de représenter et défendre les intérêts matériels et moraux de ses membres, définir et faire connaître le point de vue des opérateurs du secteur minier sur les sujets concernant la définition et la mise en œuvre de la politique minière, promouvoir l’émergence d’une expertise nationale dans le secteur minier, promouvoir la contribution du secteur minier au développement économique et social.
La création d’un tel organisme ne semble pas plaire aux autorités. Les médias officiels relevant de l’Organisme de la Radio et de la Télévision Malienne (ORTM) n’ont pas diffusé l’information sur la formation de cet organe. Pourtant, une équipe de l’ORTM était bien présente sur les lieux et a fait son travail, sans suite. Le Collectif des professionnels du secteur minier n’a pas manqué de protester, en qualifiant cette attitude de l’ORTM d’incompatible avec sa mission de service public qui lui incombe l’obligation de « mettre à la disposition du peuple malien des informations justes et opportunes concernant la gestion des biens publics ».
Les statistiques montrent que le Mali est un pays minier. Il y a déjà neuf mines d’or en phase d’activité. Il y a également le Diamant ; le manganèse ; le fer ; le plomb ; le cuivre ; le calcaire ; le marbre ; la bauxite et le phosphate. Toutefois, de toutes ces substances citées, seul l’or connait de nos jours une exploitation artisanale et industrielle intense, matérialisée par l’existence de nombreux placers et de mines industrielles.
Le pays a exporté, en 2015, 70,2 tonnes d’or (évaluées à 2,2 milliards de dollars), contre 53 tonnes en 2014 ; 67,42 tonnes en 2013 et 45 tonnes en 2012. Mais l’Etat malien et les populations installées sur les sites n’y voient que du feu à cause, notamment, du système mafieux mis en place par les sociétés minières, avec la complicité tacite de la Banque mondiale.
Troisième producteur mondiale d’or, après l’Afrique du Sud et le Ghana, le Mali n’en demeure pas moins l’un des pays les plus pauvres au monde. L’or représente 70 % des recettes d’exportation totale du Mali, 25 % des recettes budgétaires et 8 % du PIB.
Il est à souligner que les populations de l’ensemble des villages de Kayes, abritant ces mines, ne bénéficient que d’une manière dérisoire de cette manne aurifère. La contribution totale des sociétés minières, au développement local n’a pas dépassé un milliard CFA, soit même pas un millième (1/1000) des bénéfices enregistrés.
La création du « Groupement des professionnels du secteur minier » vise à rendre ces minerais plus utiles pour le peuple malien.