Nous nous sommes rendus à Sougounikoura, un marché de fruits et légumes, situé en plein cœur de Bamako, la capitale malienne. Ici pommes de terre, oignons, et autres produits agricoles, sont importés, surtout du Maroc pour une consommation locale.
« On vend des bananes venues de la Cote d’Ivoire et des oranges du Maroc », affirme Djouldé Krambé vendeuse détaillant.
Pour sa part, Mme Kadiatou Lah une importatrice, précise qu’elle importe du Maroc les oignons, les tomates, les carottes, les pommes de terre et aussi les piments.
Certains commerçants expliquent que de juin à décembre, la production malienne n’est plus disponible sur le marché. « On est donc obligé d’aller en chercher à l’étranger pour approvisionner nos clients » regrette Issiaka Togola.
Toutefois au marché, on retrouve quelques légumes locaux, tel que la tomate les aubergines et les poivrons. Ces produits sont d’ailleurs plus prisés que ceux importés d’autres pays.
« Je préfère de loin les légumes cultivés ici à ceux importés », se confie Mme Bocoum, une cliente. Une autre cliente renchérit, « si tu me présentes une carotte malienne et une carotte marocaine je choisirai la malienne.»
Cependant comme les commerçants, les consommateurs aussi regrettent la pénurie des produits agricoles maliens à une période de l’année.
Ils estiment que les produits importés sont extrêmement chers par rapport aux locaux.
Ainsi, le kilo de la pomme de terre marocaine est vendu entre 600F et 750f contre 250F à 400F pour celle qui est produite sur place. Une différence de prix que les commerçants expliquent par les difficultés, qu’ils rencontrent dans le transport de leurs marchandises.
« Quand j’ai commencé ce travail d’importation, le dédouanement était à un million deux. Mais aujourd’hui on est à deux millions huit cents pour les oignons et pommes de terre et à cinq millions pour les fruits et les légumes » détaille, Kadiatou Lah.
Selon Ibrahim Diakité, le président de la chambre d’agriculture de Bamako, contacté par Dune-voices info, « les produits cultivés au Mali sont des produits saisonniers ».
« De ce fait, les autorités à travers des structures professionnelles dont l’Assemblée permanente des Chambres d’Agriculture du Mali
( APCAM) sont entrain de mettre en œuvre des stratégies pour palier à ce problème », ajoute-t-il.
Le Projet d’Accroissement de la Productivité Agricole au Mali (PAPAM) a ainsi vu le jour en 2012. Pour un coût total de 160 millions de dollars, le PAPAM a pour objectif d’accroître la productivité des exploitations agricoles familiales et des agro- entrepreneurs ruraux. Mais aussi « de financer des recherches scientifiques pour plus de productivité pendant toute l’année» rappelle, Ibrahim Diakité.
Depuis trois ans que le projet est mis en œuvre, les résultats tardent toujours sur le terrain. Et au Mali, jadis appelé le grenier de l’Afrique, les produits étrangers s’imposent dans les assiettes.