Baba Abdou Touré, présentateur à la Radio Al Farouq, travaillant dans le domaine médiatique depuis 1994, confie : "la majorité des institutions médiatiques, notamment les radiophoniques, ont vu le jour dans un désistement total de la part de l'Etat central... Ceci a, inévitablement, empêché tout développement du paysage médiatique sur le fond et sur la qualité. La situation a empiré après le déclenchement des crises frappant la région".
Et d'ajouter: "il n'y a aucun journal dans la ville. Le paysage médiatique se résume à quelques radios locales n'ayant ni les moyens ni le professionnalisme requis, et ce à cause de l'absence de tout travail institutionnel en mesure de mettre à niveau les journalistes... Seul l'Institut britannique de la diversité médiatique s'accroche encore à organiser des cycles de formation pour les journalistes. L'Etat, quant à lui, est aux abonnés absents. Et c'est, en grande partie, ce désistement de la part de l'Etat qui gangrène le domaine depuis des années".
Djibril Dico, présentateur à la Radio Thanint, explique pour sa part : " avec l'hégémonie de l'économie du marché, base principale du modèle sociétal et économique en vigueur, la presse malienne ne pourra jamais décoller à cause du désistement de l'Etat au profit du secteur privé". Il poursuit : "c'est le désintérêt de l'Etat, la non application de la loi et le glissement de certaines institutions médiatiques vers le lobbying politique ou ethnique qui assombrissent définitivement le tableau".
Ahmed Sissi, instituteur à Tombouctou, considère, de son côté, que "si le service audiovisuel est, de nos jours, à travers le monde, un moyen d'expression libre reflétant la diversité politique et intellectuelle et constitue, de ce fait, un cadre idéal pour doter le citoyen de son droit à l'information, ce n’est point le cas à Tombouctou. Ici, la réalité est, malheureusement, toute autre. Le secteur est complètement marginalisé ce qui l'empêche d'accomplir sa mission" .
Fatima Miqa, fonctionnaire à la municipalité de Tombouctou, met à l'index, quant à elle, la crise qui ravage la région. "Avant la crise, la municipalité finançait, annuellement, des programmes d'aide aux radios locales... Ce n'est plus le cas actuellement. Et puis, il ne faut pas oublier que les journalistes, eux mêmes, refusent désormais, de travailler dans les villes du Nord, à l'instar de Tombouctou, pour des raisons sécuritaires" note-t-elle.