Les négociations entamées à Bamako sous l’égide du Haut représentant du Chef de l’Etat pour la mise en œuvre des accords conclus en 2014/15 ne donnent pas les résultats attendus. Et même si les discussions tenues dans la capitale malienne accouchent d’un protocole d’accord, avant même que les délégations ne quittent la ville, les armes ont crépité et des morts sont à déplorer. Donc, l’impact des pourparlers est très faible sur les groupes armés.
Pour les observateurs présents dans la capitale malienne, la communauté internationale est appelée à prendre l’initiative pour aider à installer l’autorité de l’Etat dans la région de Kidal, même par la force, s’il y a lieu. Ce qui serait dans la continuité de toutes les résolutions votées par le Conseil de sécurité des Nations-Unies, qui consacrent l’intégrité territoriale du Mali et une présence effective des structures de l’Etat sur tout le territoire national, y compris à Kidal. « Il est donc impératif que la communauté internationale arrête de fermer les yeux et intervienne franchement pour instaurer la légalité, en évitant de soutenir un groupuscule contre un autre à Kidal », insiste le spécialiste des affaires maliennes, Oumar Diallo.
Personne ne déclare certes souhaiter la guerre à Kidal. Mais, la tension perpétrée par les groupes armés opposés dans la ville fait dire à la population locale que personne ne veut la paix et que « les milices armées ne pensent qu’à renforcer leur autorité » et que « la situation à Kidal ne peut et ne doit pas rester ainsi ».
Donc, le gouvernement du Mali est appelé à réagir s’il veut garder de l’autorité dans cette région et ne pas rester impuissant face à ce désastre humanitaire régnant au Nord du pays. En l’absence d’une telle réaction vigoureuse de la part de Bamako, il ne sera pas surprenant de voir Kidal placé, demain ou après-demain, sous la tutelle des forces de la communauté internationale, lesquelles rechignent à chasser les groupes armés de la ville par peur de la réaction de leurs partisans. « Cela veut dire : Adieu aux accords de paix », insiste-t-on dans les rangs de la GATIA.
Par ailleurs, ce scepticisme par rapport à l’instauration de la paix, est confirmé par le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies au Mali, également chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif. Ce dernier a reconnu lors de son passage le 24 Aout à Alger, que l’accord de paix signé en 2015 entre le gouvernement et la rébellion maliens “piétine”.
“C’est vrai que depuis un certain temps, l’accord (de paix d’Alger) piétine. Je suis venu m’entretenir avec les autorités algériennes pour voir un peu comment on peut faire pour aller de l’avant”, a révélé le haut responsable onusien à l’issue d’un entretien qu’il a eu avec le ministre algérien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, avec qui il a dit avoir discuté des questions relatives au Mali, et en particulier la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.
Il est à rappeler que le gouvernement malien et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ont signé le 15 mai 2015 l’accord de paix, dit ‘accord d’Alger’, qu’ils ont réitéré à Bamako le 20 juin de la même année. Cet accord a mis fin à un conflit armé entre les mouvements séparatistes du Nord du pays et le gouvernement de Bamako. Toutefois, cet accord a été violé plus d’une fois, sans pour autant qu’il ne soit remis en cause.