Les dernières informations rapportent des braquages réguliers, perpétrés par des bandes armées, à l’encontre des populations du Nord. Les voyageurs se font de plus en plus dépouiller de leurs biens. Leurs vies sont en danger dès qu’ils essaient de résister à leurs agresseurs. Le lundi 05 Septembre, quatre véhicules ont été attaqués sur le tronçon Bourem-Gao. Leurs occupants ont été pillés. Ils n’ont dû le sauvetage des voitures qu’en se montrant « généreux » avec leurs agresseurs. Ils auraient versé une grande somme d’argent pour « épargner » leurs voitures.
Le maire de Bourem a fait, lui-même, l’objet d’un braquage. La détérioration de la situation sécuritaire l’inquiète, d’autant plus que les autorités locales ne disposent pas de forces régulières pour y faire face. Le maire de Gao raconte que les bandes armées évoluent en groupes. Ils sont armés et motorisés. Le maire lance un appel aux autorités nationales pour installer la sécurité dans la 7ème région malienne. La situation serait plus grave autour de la ville d’Ansongo où les habitants accusent les forces de sécurité locales d’être “complices avec les fauteurs de troubles”.
Les braquages se sont même multipliés à l’approche du « Tabaski », communément appelé « Aid El Idh’ha » chez les musulmans. Comme le rite consiste à égorger des moutons, les éleveurs déplacent leurs cheptels vers les grandes villes pour s’approcher de la population. L’insécurité régnante a encouragé les bandits à s’attaquer sur les routes aux éleveurs pour leur voler leurs moutons. Mais, les vols ne se limitent pas aux cheptels.
Ainsi, les sources locales de la région de Gao rapportent qu’un camion transportant des moutons a été attaqué le 4 septembre par des individus armés à 25 km de la ville. Il y a un mois, d’autres hommes armés ont attaqué et pillé le village de Koiratao dans le cercle de Niafunké. Après avoir occupé la localité pendant trois heures, ils ont emporté trois motos, une charrette, des téléphones portables avant de vider la boutique du village.
Cette situation d’insécurité a fait monter la grogne des transporteurs privés qui sont tout le temps sur les routes et sont désormais les principales victimes des braquages. Ils ont entamé une grève qui est déjà à son 10ème jour, alors que dune-voices faisait son reportage vers le 08 septembre. Le trafic est pratiquement interrompu de (et vers) Kidal, à partir les véhicules privés. Même les ONG, elles ne disposent plus de voitures pour circuler. « Personne ne veut plus s’aventurer dans la région », affirme Allaye, un jeune mécanicien de Gao. « Cette situation impacte certes négativement l’économie locale. Mais, les transporteurs ont besoin d’un minimum de sécurité », conclut-il désespérément.
Face à cette persistante insécurité, dans cette zone, notamment sur l’axe Gao-Bourem, les populations locales insistent auprès des autorités afin de trouver une solution. Les habitants regrettent surtout “un manque de volonté politique” à assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. « Personne ne perçoit d’efforts de la part du pouvoir central », regrette Allaye.
“L’axe Gao-Bourem est une importante artère économique au Mali. Pourtant, rien n’a été fait pour épargner la population de ce fléau ravageur. Or, un tel état des lieux commence à devenir excessif. Cela peut même avoir des conséquences sur le processus de paix et de réconciliation. Vous ne pouvez plus vous déplacer à cause de la qualité de la route et de l’insécurité », insiste Moulay, un journaliste de Tomboctou, qui s’est rétracté après avoir décidé d’aller à Gao.
Moulay raconte que les informations circulant à Tomboctou soulignent qu’il y a pratiquement des attaques quotidiennes sur l’axe Gao-Bourem, à la veille de la fête de Tabaski. « C’est la preuve qu’il faut trouver une solution, sinon les gens finiront par assurer leur propre sécurité. Ce sera alors le règne des milices. Et là vous connaissez les conséquences », avertit-il.
L’un des notables de Gao, Moussa Souma Maïga, repris par Maliweb, souligne : « Pour la sécurisation des personnes et de leurs biens, il faut assurer une stratégie concertée de travail. Tout le monde est d’accord que la situation sécuritaire s’est très détériorée. Il faut donc impliquer la jeunesse qui traîne, sans la moindre occupation. Comme ça, d’une pierre deux coups. D’une part, on assure la sécurité. De l’autre, le pays est épargné d’une révolte qui couve. C’est ainsi que l’on peut assurer la sécurité sur ces axes routiers ».
La situation au Mali ne fait que se compliquer davantage.