La solution de cantonnement des milices, adoptée depuis fin 2015, n’étant pas passée à l’étape pratique.
« Les miliciens ne reçoivent plus les mensualités qu’ils sont habitués à percevoir. Ils se transforment en brigands sur les routes et s’attaquent aux citoyens sur les routes, notamment dans les régions de Tombouctou et Kidal. Mais, même dans la région de Gao, ce ‘cancer’ commence à frapper », raconte un habitant des environs de Kidal, ayant préféré garder l’anonymat.
Lors de son échange avec le correspondant de dune-voices dans la région, la quadragénaire lance un appel pressant aux autorités et à la communauté internationale pour venir en aide à la population locale. « Il est impératif que la vie reprenne dans le Nord du Mali si l’on veut installer continuellement la paix. Ce n’est pas normal que la majorité des élèves continue à déserter l’école et que l’électricité n’est qu’à temps partiel à l’hôpital, sans oublier le fait que personne ne peut réclamer quoi que ce soit car il n’y a pas d’autorité en face », a-t-il dit, l’ai déprimé.
Les observateurs et les médias internationaux constatent que la répétition des affrontements meurtriers, fin juillet et mi-août, à Kidal, dans le nord du Mali, en dépit d’une situation présentée comme sous contrôle par les autorités françaises, confirme une situation locale inquiétante. L’accord de paix, signé le 20 juin 2015 à Bamako, entre l’Etat malien et les différentes factions locales, pro et antigouvernementales, ne garantit, de fait, aucune sécurité. L’armée française, à travers son dispositif régional « Barkhane », est contrainte de maintenir à Kidal des forces redéployées dans la ville en avril alors qu’elle espérait confier cette zone à la seule ONU.
Même constat du côté de la mission des Nations unies au Mali (Minusma), qui voit, chaque jour, s’agrandir à Kidal le fossé entre ses moyens limités par son mandat d’intervention post-conflit et une instabilité croissante. En un an, 27 de ses membres ont été tués, faisant du Mali la zone la plus dangereuse des zones d’engagement de l’ONU dans le monde. Parmi les victimes, on compte, notamment, le chef et le médecin du contingent tchadien des casques bleus, assassinés par… leurs propres soldats.
Les combats qui ont opposé, à Kidal, les 21, 22 et 30 juillet, puis les 9 et 10 août, des hommes de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg) au Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés, ont fait plusieurs dizaines de morts, traduisant l’impasse actuelle au Mali.
La population locale n’arrive plus à résister, d’où la tentation de revenir au camp de Mberra en Mauritanie, surtout après les nouveaux Fonds injectés par la communauté internationale.