Le président de la commission d’organisation du rassemblement, Salaha Maïga, a soutenu que la principale crainte de la population est désormais « l’insécurité grandissante ». « Elle est totale ici. Nous ne pouvons plus nous déplacer à quelques kilomètres de chez nous sans avoir la peur au ventre », a-t-il lancé, révolté. « Maintenant on nous agresse même en ville. Les personnes et leurs biens ne sont plus en sécurité. Il n’y a pas longtemps, des gens connus ont assassiné trois jeunes, sans être arrêtés. Il n’y a pas de justice ici. Nous ne demandons rien d’autre que la paix, la sécurité et la justice. Nous attendons des explications des autorités par rapport à ces enlèvements, ces braquages et ces assassinats. Ça ne peut plus continuer comme», martèle encore Salaha Maïga.
Le président de la commission d’organisation du rassemblement contre l’insécurité en a gros sur le cœur. Il n’arrive pas à comprendre comment les militaires, eux aussi victimes de vols, ne réagissent pas. « Vous trouvez normal qu’il y ait des vols de voitures de militaires en milieu urbain. Ceux-là même qui sont supposés nous protéger…. Nous disons non à l’assassinat, non aux enlèvements, non aux braquages. Nous ne sommes pas là pour attaquer quiconque. Nous sommes là pour demander plus de sécurité », fait-il remarquer.
Un autre manifestant, Mahamoudou Ousmane, dit avoir fortement pensé qu’ «avec la libération de la région par les forces françaises, la population avait cru que la violence allait s’estomper. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Nous vivons dans une insécurité qui grandit de jour en jour ». «Nous nous sommes plutôt enfermés comme dans une boite. Aucune route n’est praticable. Les citoyens sont chaque jour dépossédés de leurs biens. Des motos sont chaque jour volées à leurs propriétaires. Des pauvres villageois sont chaque fois battus ou même assassinés. Les vols de voitures civiles et militaires se multiplient en plein centre ville. Des jeunes sont sauvagement assassinés. Mais ce qui me fait le plus mal dans tout cela, c’est le fait que des bandits opèrent leurs crimes en plein jour. Une manière de nous narguer. C’est inadmissible. J’ai l’impression qu’il n y même pas de forces de sécurité dans cette ville. Tout comme les Famas ne font rien, la MINUSMA ne fait rien. Même barkhane ne fait rien», s’insurge Mahamoudou.
Qui sera le prochain sur la liste ? C’est la question que se pose Ibrahim Amadou dit Balaise, un proche des trois jeunes assassinés le 17 Décembre 2015 dans la ville. Il affirme «les fils de Tombouctou ne peuvent plus circuler aisément à bord de leurs voitures. Ils se sentent emprisonnés même s’ils vivent dans leurs propres maisons ». Où sont donc ceux qui sont censés protéger ces pauvres gens ? Que font ceux qui sont venus dans l’intention de les protéger ? « Les citoyens crient leur colère et ne veulent plus perdre leur vie et leurs biens», indique Amadou.
A mentionner que ce rassemblement de jeunes a été organisé seulement un jour après les journées de concertation sur les enjeux du renforcement de la décentralisation et de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali tenues les 28, 29 et 30 Janvier 2016 à Tombouctou.
La question de la sécurité urbaine inquiète les citoyens de Tomboucto.