« Le Nord du Mali, notamment les environs des grandes villes comme Tomboctou ou Kidal, fait face à un regain de violence et de banditisme. Les populations font régulièrement l’objet de braquages, perpétrés par des bandes armées. Elles se font dépouiller de leurs biens et de leur bétail » affirme un Touareg, originaire de Kidal. « Il y a une absence totale de forces régulières pour protéger la population locale », poursuit-il.
Pour prouver la baisse du niveau de sécurité, un citoyen de Tomboctou raconte que « deux personnes ont été tuées aux environs du village de Rharous, pas loin de Tombouctou, dans la nuit du 13 au 14 avril, suite à une attaque menée par des individus armés ». La même source regrette que « les meurtriers ne seront pas poursuivis parce qu’il n’y a pas d’enquête ». La source conclut que « c’est l’une des raisons fondamentales de l’installation de la peur dans la région ».
Pour faire face aux risques sécuritaires, le gouvernement malien ne cesse de prolonger le couvre-feu, décrété une 1ère fois pour dix jours suite à l’attaque meurtrière de l’hôtel Radison Blu à Bamako. Le couvre-feu a été depuis prolongé plusieurs fois. Il sera de rigueur jusqu’au 15 Juillet. Mais, remarque un citoyen de Kidal, « couvre-feu ou pas, cela ne change rien pour nous, les citoyens des régions éloignées du Nord. L’insécurité règne dans la région et les citoyens ont peur».
L’interlocuteur de Dune-voices raconte comment le nombre des victimes ne cesse de monter, depuis le début du mois d’avril 2016. « Il y a les trois soldats français ont été tués suite à l’explosion d’une mine, au passage de leur voiture blindée, près de Tessalit, au Nord de Kidal, pas loin de la frontière algérienne. Le même jour, pas loin du même endroit, un convoi de la Minusma transportant des soldats tchadiens a sauté sur une mine dans la zone d’Aguel Hoc. Quatre d’entre eux sont morts. En tout, Il y a une dizaine de soldats africains tués dans de diverses attaques perpétrées par les groupes armés », souligne la source de Dune-voices.
Par ailleurs, malgré la présence des militaires français de la force antiterroriste Barkhane et des casques bleus de la Minusma, des poches entières du territoire malien échappent encore à tout contrôle. Des attaques contre ces forces ont été enregistrées, dans plusieurs régions du Mali, particulièrement aux environs de Kidal, Gao et Tombouctou, et ciblant la France, ses alliés internationaux et l’armée malienne.
Ainsi, le 12 avril, dans la région de Gao, le camp de la Minusma à Assongo a été la cible de tirs d’obus. Le 13 avril, le groupe Ansar Eddine dirigé par le célèbre chef djihadiste touareg, Iyad Ag Ghali, a livré un attaque contre l’armée malienne dans la localité de Boni près de Mopti au centre du pays, causant la mort de sept soldats, sans parler des autres incidents survenus auparavant. C’est dire que le Nord du Mali n’est pas encore stabilisé.
Avec cette peur rampante sur le Nord du Mali, la majorité des 180.000 réfugiés maliens, dispersés dans les pays voisins, n’est pas disposée à revenir chez eux. Pourtant, ces réfugiés vivent dans des conditions très précaires, surtout après l’arrêt de l’aide internationale qui leur était adressée auparavant. Pire encore, le Programme alimentaire mondial et le Haut-Commissariat aux réfugiés ont récemment annoncé que 32.000 réfugiés maliens, basés en Mauritanie et au Burkina, sont menacés par l’insécurité alimentaire.
L’insécurité n’aide pas au retour des Maliens dans leurs localités.