En effet, depuis l’éclatement en 2012 du conflit opposant le gouvernement malien aux mouvements séparatistes rebelles, les nomades ne cessent de se battre pour retrouver une vie digne et sûre loin des camps de réfugiés, dans des conditions précaires où trouver de quoi se nourrir devient une entreprise des plus périlleuses.
Décrivant la réalité quotidienne des nomades, Othman Al Ansari confie : « Nous qui vivons ici dans les déserts de Tombouktou, en compagnie de ceux de nos proches qui ne sont pas partis vivre dans les camps de réfugiés, nous entendons souvent des récits de vols et de braquages perpétrés contre des personnes qui sont même parfois victimes de meurtres sans la moindre réaction de la part des autorités ».
Pour preuve, Al Ansari raconte la mésaventure d’un de ses proches qui, en allant faire des courses dans la ville de Goundam, située à 85 kilomètres, a été surpris par des truands qui lui ont tout pris, jusqu’à sa moto. Il a eu beaucoup de chance que ses agresseurs l’aient laissé en vie, estime notre interlocuteur.
Bakri Traoré, un des chefs de sécurité dans la région de Tombouktou, explique qu’il devient très difficile de parvenir jusqu’aux marchés dans les banlieues de la ville à cause de l’insécurité et affirme que la libre circulation demeure limitée dans certains villages de peur des harcèlements et des pillages, surtout au niveau de la route menant de Goundam à Tombouktou et Léré. Traoré raconte également que des camions et des voitures sont souvent stppés pour être braqués et qu’il arrive même que les passagers qui se trouvent à bord de ces véhicules soient assassinés, avant de se contenter de dire « Nous essayons de mettre fin à ces craintes ».
Un des commerçants de la ville de Léré située près des frontières avec la Mauritanie et qui est principalement habitée par les nomades arabes (Les Barabich), Ghabdi Salem, affirme pour sa part : « Les aliments de base comme le riz et l’huile de cuisson deviennent rares… Même les paquets de tabacs sont désormais introuvables à cause des braquages perpétrés par les brigands contre les camions et les véhicules particuliers. C’est la raison pour laquelle, les chauffeurs réfléchissent par deux fois avant d’apporter de la marchandise du sud de Tombouktou ou de la Mauritanie toute proche ».
Khadija Mohamed, femme au foyer de la campagne de Tombouktou, se plaint de n’avoir reçu aucune aide alimentaire de la part du gouvernement ces dernières années et conclut en disant: « Nous avons été très lésés par cette crise ».
Le bureau de communication de la Croix-Rouge Malienne assure en revanche que « les autorités maliennes, en collaboration avec des partenaires tels que le Programme Alimentaire Mondial et le Comité International de la Croix-Rouge, ont réussi jusqu’ici à aider 220 mille personnes sur un total de 460 mille ayant besoin d’un soutien urgent en matière d’agriculture et d’élevage.