« L’Algérie se trouve à moins de 200 kilomètres et c’est là que le village s’approvisionne », remarque Al Kassim, un camionneur qui vit de la contrebande d’essence. « L’essence est à moitié prix par rapport à Bamako », dit-il, en remarquant toutefois que « la peur des groupes armés n’a pas disparu dans la région. Nous entendons couramment des informations concernant des attaques ».
Al Kassim raconte comment les Maliens du Nord n’ont plus les mêmes facilités pour accéder en Algérie, après la fermeture quasi-continue des frontières. « Notre vie a été chambardée par la guerre. Il n’a pas suffi qu’il y ait un conflit armé qui est parvenu jusqu’à notre village, l’un des points les plus au Nord du territoire malien, voilà que les frontières algériennes sont quasiment fermées, ce qui réduit davantage notre mouvement dans la région, nous qui vivions auparavant de la contrebande à travers cette frontière », explique ce jeune éleveur, converti au transport parce que ses bêtes lui ont été volées par l’un des groupes armés qui ont investi la région en 2012.
Fatimatou, la mère d’Al Kassim, insiste sur le fait qu’il n’y a pas longtemps, les familles, restées sur place, ont eu peur d’éventuelles représailles de l’armée malienne, suite à la reconquête du nord du pays. « Bien que le conflit ne soit pas vraiment arrivé à Kidal et à Gao, les Touaregs de ces deux régions ont craint la vengeance de l’armée malienne. Ils continuent à vivre dans la peur », ne cesse-t-elle de répéter.
Il est à noter que cette peur, ressentie par tous, prend sa source de la confusion, parfois volontaire, faite entre Touaregs indépendantistes et djihadistes. En effet, les Touaregs sont perçus, par les habitants du Sud, comme des complices des groupes armés. Pourtant, cette communauté est très ouverte, notamment avec l’Algérie. Mais, le grand voisin du Nord a fermé ses frontières, ce qui a sensiblement réduit l’apport des Touaregs dans la société algérienne et l’économie du Sud algérien, plus spécifiquement.
Fatimatou dit que « les Touaregs sont désormais condamnés à rester dans des zones de combats et à prendre leur mal en patience ». N’ayant nulle part où se réfugier contre une éventuelle vengeance, ces Touaregs sont obligés à vivre dans la peur parce qu’ils n’ont pas de choix.
Par ailleurs, l’une des principales taches de la MINUSMA, , c’est de contenir les civils revanchards et de veiller par la même occasion, à ce que l’armée malienne ne commette aucune exaction. Une mission qui semble se passer convenablement. Les informations n’ont pas rapporté de dépassements en la matière.