Le Nord-Est du Mali bouillonne en l’absence d’une véritable présence de l’autorité centrale dans les villes de cette région du pays, pas loin de la frontière algérienne. La ville de Kidal est certes l’exemple le plus cité. Mais, les villages de Ber, Ruffiste, Ansongo ou Bourem se trouvent dans la même situation.
Les gens de Kidal n’ont cessé de réclamer une présence visible de l’armée malienne ou française pour leur éviter les tiraillements continus entre le Mouvement national de libération de l’Azoued (MNLA) et le Mouvement Islamique de l’Azoued (MIA) concernant la domination de cette ville stratégique. « Nous ne nous sentons pas en sécurité et nous avons peur d’un éventuel retour des groupes armés radicaux. Nous voulons sentir notre appartenance au Mali en disposant de la protection de l’armée nationale qui est plus forte que tous les groupes armés », insiste Fatoumata, une citoyenne de Kidal qui déplore également « n’avoir bénéficié d’aucune aide pour réparer sa maison dévastée par les groupes armés ».
Par ailleurs, la quinquagénaire demande à ce que le président du Conseil Régional de Kidal, Haminy Belco Maiga, tienne ses promesses concernant l’installation et l’activation de la commission ‘Dialogue et réconciliation’ pour que ses enfants puissent enfin rentrer chez eux sans avoir peur d’être abattus par les groupes armés. « En l’absence de l’armée et de la garde nationale républicaine, la loi n’est pas appliquée et c’est le règne de la gabegie », ajoute la dame.
La complexité de la situation sécuritaire ne se limite pas à Kidal. Les informations en provenance des villages de la région rapportent que les Arabes cherchent à rentrer dans leurs villages de Ber et de Ruffiste. Mais, ils se retrouvent dans l’obligation de combattre les groupes armés du MNLA qui ont fait main basse sur ces deux villages. « Si l’armée nationale malienne était là et si la loi était appliquée, de tels affrontements n’auraient pas eu lieu », regrette Aïchata, une citoyenne de Ber, qui a peur de rentrer chez elle.
A part les Arabes et les gens de l’Azwed, d’autres groupes armés indépendants se sont implantés çà et là au Nord du Mali et ont renforcé le climat d’insécurité. Ainsi, il y a le Groupe d’autodéfense Touareg Imghad (GATIA) et le mouvement patriotique d’autodéfense (Ganda Izo) qui cherchent à s’approprier du terrain dans des villages comme Ansongo ou Bourem. « C’est donc tout le Nord-Est du Mali qui vit dans le tiraillement, faute de la présence d’un petit régiment de l’armée nationale pour stabiliser toute la région.
Militants politiques et associatifs de Kidal et son entourage insistent sur la nécessité de la présence d’un avant-poste de l’armée malienne avec une colonne de 200 hommes pour stabiliser la région. «La situation sécuritaire ne demande pas plus de soldats ni de moyens pour imposer la sécurité », soulignent-ils. Les 200 hommes peuvent s’installer à Kidal et Tessalit sans le moindre problème. « Toute complication de la situation peut être contrée par l’armée française et tchadienne, présentes pas loin », ajoutent les porteurs d’une telle doléance.
Kidal et sa région attendent encore la délivrance depuis plus de quatre ans.