Suite à ces affrontements, les combattants de la CMA ont procédé à des fouilles de domiciles et se sont emparé des check-points qui étaient auparavant contrôlés par les combattants de la GATIA. Les forces de la CMA ont également procédé à des interpellations d’éléments soupçonnés d’appartenir à la GATIA.
Cette situation a fait dire aux membres de la GATIA, qui ont perdu cette bataille, que les forces de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) sont en train de procéder à une chasse à l’homme. «Faux », répond une source de la CMA. « Nous avons appris que des combattants armés de la Gatia sont cachés dans des maisons et nous faisons des contrôles », explique la même source.
Toutefois, depuis le lendemain des affrontements, la vie a repris dans la ville. On n’entend plus de coups de feu. Les habitants ont pu sortir et vaquer à leurs occupations. En parallèle, les tractations politiques ont repris entre les différentes factions. Ainsi, la mission de l’ONU au Mali (Minusma) est enfin arrivée à entrer en contact avec les deux camps pour pousser à l’apaisement.
Mais pour le moment, la confiance est plutôt rompue. Pour l’heure, les groupes armés de la CMA, qui contrôlent Kidal, ne veulent plus entendre parler du retour dans la ville des combattants du Gatia. De leur côté, ces derniers ont installé leur nouveau quartier général à cent kilomètres au sud de Kidal à Anéfis, et menacent de lancer bientôt une attaque contre Kidal.
Mahamat Saleh Annadif, le chef de la Mission de l'ONU au Mali s'est dit "choqué" et "consterné" par ces violences. Dans un communiqué rendu public au lendemain des combats, le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) "exige le retrait du Gatia de la ville de Kidal et ses alentours pour éviter une éventuelle reprise des hostilités". Le gouvernement malien a appelé, lui-aussi, l'ex-rébellion à dominante touareg et la coalition de groupes armés pro-régime à "faire preuve de retenue" après leurs violents combats de la veille à Kidal (nord), ce qui est en train de créer "une menace grave" pour l'accord de paix dans ce pays en proie à des troubles.
La ville de Kidal est située au Nord du Mali, à 1400 kilomètres de la capitale Bamako et à moins de 200 kilomètres de la frontière algérienne. Cette ville est connue pour être le fief du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) qui a été rejoint dans la ville en février dernier par le Gatia, un groupe armé pro-gouvernemental, mais qui prend de plus en plus son indépendance vis-à-vis de Bamako.
Cette rivalité entre les deux mouvements armés, a fait que la tension est montée crescendo avec l’enjeu de leadership sur la région de Kidal. Une guerre verbale était déjà là durant les derniers mois. Le GATIA accuse son allié du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) de vouloir s’accaparer tous les postes de commandement.
Ces accusations se sont renforcées suite à la nomination par Bamako du nouveau gouverneur de la région de Kidal, connu pour être très proche du HCUA. Et voilà que pour l’installation des autorités intérimaires, le même HCUA veut se tailler la part du lion, explique un responsable du Gatia.
Lesquelles autorités intérimaires constituent un véritable objet de convoitise pour les deux groupes rivaux. En effet, l’accord d’Alger prévoit d’associer les mouvements Azoued dans la gestion des régions administratives du nord du pays. C’est pourquoi le Gatia montre ses muscles et demande à être associé au dispositif d’installation de ces autorités intérimaires, surtout à Kidal. De son côté, le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) est en état d’alerte. L’un de ses responsables prévient même de recourir aux armes. « Si nous sommes attaqués, nous répondrons», a-t-il afirmé.
Face à cette situation de tension, plusieurs missions de bons offices ont été dépêchées dans la ville de Kidal. Ainsi, des religieux et des responsables tribaux et politiques ont rencontré les belligérants et lancé des appels au calme, en vue de stabiliser cette ville stratégique au Nord du Mali.