Pour tous les Maliens, la rentrée scolaire équivaut à la nécessité de disposer des frais d’inscription, du coût des fournitures scolaires et de la tenue de l’école. A Gao, Kidal et dans les camps des réfugiés maliens au Niger, et malgré l’aide internationale, les parents n’arrivent pas à préparer leurs enfants au Jour J. Dune-voices reproduit ici quelques exemples de ces difficultés.
La ville de Gao est déjà connue par ses enfants talibés, qui mendient pendant une partie de la journée, pour assurer leur scolarité. A la veille de la rentrée, le phénomène est plus intense. Ce sont des familles entières qui se mettent à quémander au nom de ce besoin.
Hadjeratou Touré est mère de deux enfants de sept et neuf ans. Elle se dit surprise par l’arrivée de la rentrée scolaire. Hadjeratou emmène ses enfants avec elle dans la rue pour mendier. Chacun est muni d’une boite métallique servant à ramasser les pièces jetées par les donateurs. « Je n’ai vraiment pas d’autre solution », assure cette dame, qui espère également obtenir de l’aide auprès des ONG.
Au niveau du même rond-point, Fatoumata Touré mendie, elle-aussi, accompagnée de son mari aveugle. Elle s’adresse aux passants en disant qu’elle de sept enfants, dont quatre fréquentent l’école publique. Fatoumata assure qu’elle n’est pas encore arrivé à réunir le minimum pour acheter les fournitures de première nécessité, à savoir l’ardoise, la craie, le cahier et le stylo. Fatoumata raconte que les gens ne sont plus aussi généreux parce que les mendiants sont devenus très nombreux. « Il y a même des gens bien portants qui font la manche, ce qui réduit nos chances d’obtenir suffisamment d’argent », se lamente-t-elle. La mendiante espère rencontrer une âme charitable qui pourrait l’aider à faire face à cette rentrée. « Sinon, je serai obligée de n’inscrire qu’un ou deux enfants, en fonction des revenus », dit-elle les larmes aux yeux.
Bien que mendiante comme les autres, Khadiatou Touré assure que ses soucis sont spécifiques. Elle est accompagnée par trois filles qui disent être en 4è, 6è et 8è année. Elle dit qu’elle a deux autres garçons qu’elle n’avait pas pu scolariser l’année dernière. Khadiatou indique que les frais d’inscription s’élèvent à 6000 FCFA (09 Euros) pour chacun de ses enfants.
Elle explique qu’elle a initié ses trois filles au commerce pour l’aider à faire face à la rentrée scolaire. Avec le petit bénéfice qu’elles vont tirer, les filles pourront acheter ne serait-ce que des cahiers et des stylos, espère-t-elle. Khadiatou confie qu’elle ne peut pas compter sur son mari alcoolique qui l’a chassé de la maison avec ses enfants depuis quelques années.
Si les gens mendient à Gao pour faire face à la rentrée scolaire, les soucis et les solutions sont autres à Kidal. Les enfants de la région ne sont pas allés aux écoles depuis plus de trois ans. Pour les préparer à cette reprise, prévue pour cette année, l’USAid leur a organisé des cours de vacances scolaires d’une durée d’un mois, à partir du 5 septembre. Il s’agit de permettre aux élèves de la première à la huitième année de s’immerger de nouveau dans le bain scolaire. Pour parvenir à cet objectif, l’USAid a doté les élèves participants de kits scolaires, et les encadreurs de manuels sur le programme officiel du gouvernement malien. Mais, c’est la question sécuritaire qui ne trouve pas encore de réponse.
Pour ce qui est des réfugiés au Niger, les enfants reprennent aussi le chemin des classes. Ils sont six mille inscrits au niveau primaire à avoir effectué leur rentrée ce 19 septembre, répartis entre les écoles des camps et les différentes écoles publiques mis à la disposition par le pays d’accueilLe gouvernement nigérien et le HCR les prennent en charge.
Le 3 octobre 2016, c’est donc la fin des vacances au Mali et c’est le démarrage des neufs de l’année académique 2016-2017.