Mohamed Traoré n’a que huit ans. Il prend des cours de coran au quartier de Djélibougou et passe le reste de son temps à mendier au Carrefour du Commissariat de Police du 3e Arrondissement.
Il signale que c’est son maître qui lui demande d’aller mendier. « Chaque lundi, à la fin des cours, nous partons faire la manche pendant 4 jours dans différents coins de la ville ».
Muni d’une boîte de tomate déjà usée lui servant de récipient pour ramasser de l’argent, Mohamed Traoré, pitoyablement habillé, indique que son frère est chargé de la collecte journalière des recettes d’une dizaine d’enfants répartis sur plusieurs endroits.
Il a fait remarquer que la recette de chaque enfant varie entre 1000 et 1500FCFA par jour.
« Ces sommes sont ensuite remises au maître chaque vendredi », ajoute-t-il précisant qu’il ignore le montant total collecté chaque semaine par leur enseignant.
Selon Mohamed Traoré, le maître utilise cette somme d’argent pour les nourrir en leur achetant du mil et du riz.
Seydou Koné, Daou Koné, Boura Traoré et Boua Traoré travaillent, quant à eux, en groupe.
« Nous apprenons tous le coran Chez le même maître au quartier de Banconi et nous passons environ 12 heures de temps à solliciter les bonnes volontés pour pouvoir ramasser environ 1000 FCFA par jour », ont-ils dit.
Selon un iman de la mosquée sunnite de l’Hippodrome, la mendicité est une pratique qui entre dans la culture islamique du Mali. Il estime, par ailleurs, que la mendicité, le trafic des jeunes et la pauvreté ont pris de l’ampleur en raison notamment du développement urbain à Bamako.
De son côté, Ousmane Coulibaly est maître coranique à Missira au Centre Issa Kalandew. Il justifie la mendicité des enfants par le manque de moyens financiers au centre.
« La vie est pénible dans le centre. Car, les parents envoient leurs enfants pour apprendre le coran sans aucun appui financier ou matériel. Nous sommes donc obligés de les envoyer mendier pour pouvoir subvenir à leurs besoins », a-t-il fait savoir.
D’après un vendeur de chaussures qui travaille près du « rail- da », les enfants qui font la mendicité sont de plus en plus nombreux. Ils passent, selon lui, tout leur temps à mendier dans les rues et entre les véhicules.
« D’ailleurs, souvent des parents viennent avec des photos de leur enfant qui a quitté le domicile » a-t-il fait savoir.
Selon un Conseiller technique au ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille plusieurs mécanismes sont mis en place pour garantir un meilleur encadrement et accompagnement aux enfants mendiants.
« Nous œuvrons, en coordination avec le ministère en charge de la solidarité et du développement social afin que les droits des enfants soient non seulement respectés mais aussi appliqués » a-t-il précisé sans nous donner un chiffre officiel.
« Nous manquons, toutefois, de moyens financiers pour réaliser des enquêtes pouvant déterminer l’ampleur de ce phénomène », a-t-il conclu.