A notre visite le samedi 5 mars, seulement quelques-unes étaient à leurs postes. Dans ce centre, le Bazin, un tissu Allemand de couleur blanche est teint dans de diverses couleurs pour être ensuite vendu.
Selon quelques femmes entrepreneures, le secteur est bien porteur.
« Nous achetons un ballot de Bazin à 450.000 fcfa (675 Euros). On le met à la teinture à 140.000 = 210 Euros (frais des produits et main-d’œuvre), et on le vend. Souvent, on peut faire un bénéfice de 150.000 fcfa = 225 Euros, voir même plus » confirme Hawa N’djaye, une entrepreneure.
Le gros du travail est accompli par des ouvrières sous la supervision des chefs, toutes des femmes aussi. « J’ai 10 jeunes femmes qui travaillent pour moi » nous confie Hawa.
Pour obtenir une telle ou telle couleur, ces jeunes femmes utilisent de l’indigo. Elles mettent dans de l’eau bouillante la couleur d’indigo souhaitée avant d’y tremper le tissu blanc qu’elles remuent à la main, à l’aide d’une simple paire de gants en plastique, avant d’y ajouter de la potasse.
Des produits chimiques qui ne sont pas sans conséquences, selon le Dr Kalifa Keïta, médecin généraliste. « Ces femmes ont généralement des problèmes respiratoires. Elles font beaucoup de réactions allergiques. Elles souffrent aussi de sinusites et de céphalées persistantes. Il y a aussi des cas de bronchite et des brulures au niveau oculaire » constate-t-il.
Malgré la procédure pénible du travail et les risques encourues, ces femmes ont des revenues misérables. Elles sont payées entre 500f et 2000 fcfa (03 Euros) par jour.
Deux milles francs au maximum après une journée entière à aspirer des gaz chimiques. Ces femmes sont bien conscientes des conséquences dangereuses de leurs conditions de travail, mais « avons-nous le choix quand nos besoins et ceux de nos proches en dépendent ?» , nous demande Batoma Traoré, une teinturière. Pour elle, il suffit donc de boire un verre de lait pour évacuer tout le toxique ingurgité pendant la journée.
« J’ai vu une ancienne teinturière qui a encore, à ce jour, de fortes toux et des vomissements » témoigne Fadoutama Konaté pour contredire sa collègue. « Nous avons donc besoin de protéger nos nez et de bottes pour protéger nos jambes », ajoute Rokia, une autre ouvrière remuant un tissu dans le colorant, tout en aspirant une forte odeur de l’indigo.
La teinturerie artisanale est une activité très répandue en milieu féminin au Mali. Toutefois, le domaine continue à évoluer dans l’informel, malgré la présence remarquable du pays sur le marché de la sous région en matière d’exportation de Bazin teinté.