Selon le chef d’un de ces trois villages, Dramane Coulibaly, «le problèmes principal de la localité est la pénurie d’eau». « Nous avons un puits d’une longueur de 25 mètres duquel les femmes de mon village s’approvisionnent en eau potable », précise-t-il.
La rareté de l’eau rend la vie difficile à Djalakorodji. La population passe le plus clair de son temps à en chercher. Les premières à s’en plaindre sont bien sûr les femmes. C’est en effet à elles que revient la lourde tache de faire le ménage, de la laver le linge et de préparer à manger. Toutes ces taches ingrates ont besoin d’eau. Et ce sont elles qui vont en chercher. Cela fait qu’au final, les femmes sont occupées toute la journée. Une vie de forçats surtout lorsque l’on sait tous les bidons d’eau sont lourds à porter. Ce qui est plus grave c’est que des filles abandonnent parfois l’école à cause de cette grave pénurie. « Leurs parents les déscolarisent et les obligent à aller chercher de l’eau. J’en conviens ce n’est pas normal », reconnait le secrétaire général au maire, Abdoulaye Kanté.
Un bidon sur le dos à 5 h du matin
L’épouse de M. Bagayoko, Tènin Traoré, en sait quelque chose. Cette femme mère de deux enfants parcourt tous les jours environ 1km pour pouvoir s’approvisionner en eau potable. «Ici, c’est pendant la nuit que la majorité des femmes vont ramener de l’eau. Pour éviter les longues files d’attente au tour du puits, je sors aux environs de 8h du matin avec ma charrette de 6 bidons de 20l pour aller en chercher», ajoute Mme Bagayoko. Certains jours, elle doit faire le trajet trois fois. Ça lui prend un temps fou.
Quand à Djélika Ballo, elle préfère sortir à 5h du matin. «Mon habitation est à quelques mètre de la colline. Comme j’ai peur de sortir seule, j’y vais avec Aicha Fané et Kadia Bamba après la prière de l’aube à 4h30 du matin. Nous faisons le chemin ensemble », explique-t-elle avant d’ajouter que : «En plus de ramener la quantité d’eau dont nous avons quotidiennement besoin à la maison, j’approvisionne certains maçons qui ont besoin d’eau pour fabriquer des briques, ça me permet d’arrondir les fins de mois de ma famille ». Djélika Ballo indique qu’elle vend une bassine de 160l à 1000F CFA. « Comme je vis seul avec mon mari qui passe toute la journée au travail, je n’utilise pas beaucoup d’eau à la maison. C’est la raison pour laquelle je vends de l’eau aux maçons. Ce travail me permet de gagner 3 000F ou 4 000F CFA par jour. Cette somme m’aide à subvenir à mes petits besoins », poursuit-elle.
Une journée au bord d’un puits
Aicha, son amie, qui vit dans une grande famille est en revanche obligée d’aller chercher de l’eau quatre fois par jour dans le puits de « Samakébougou Kolon ». « Nous sommes une grande famille et nous consommons donc beaucoup d’eau. Avant de l’utiliser je la filtre. J’y rajoute aussi de l’eau de javel », explique Aicha qui se plaint de l’absence d’un réseau en eau potable. Quand elle a du linge à laver, Aicha est obligée de passer toute la journée au bord du puits. Ça lui évite de faire des vas et viens. Elle sort de chez à 6 h du matin et ne rentre que vers 16h. Aïcha précise qu’il y a des privés qui ont procédé à des forages. Mais, dit-elle, ces forages sont situés loin de chez elle et l’eau proposée est hors de prix.
Le comble dans cette localité est que même les structures de santé manquent d’eau. Aminata Sidibé qui est aide soignante affirme ainsi que «le forage du centre de santé communautaire de Djalakorodji ne sert plus d’eau à partir de 16h et qu’aux alentours de 17h elle est ses collègues sont obligées d’aller chercher de l’eau pour le besoin du centre ». Aux dires d’Aminata Sidibé, « le manque d’eau engendre beaucoup de maladies telles que la diarrhée,…, etc).
le secrétaire général au maire, Abdoulaye Kanté, promet que tout est mis en œuvre pour atténuer les souffrances des femmes qui payent le plus les conséquences de cette pénurie en eau potable dans la commune rurale de Djalakorodji. Il a fait savoir qu’«il y a un projet de construction de plus d’une vingtaine de château d’eau, d’une adduction d’eau et la réception définitive de trois forages publiques». En attendant la mise en fonction de ce projet, il a invité la population à s’approvisionner à partir des charrettes qui ramènent de l’eau de Bamako et qui proposent un bidon de 20 litres à 150F FCA. Majoritairement pauvres, il est à parier que peu de gens peuvent se permettre d’en acheter. C’est l’exemple type de la vraie fausse solution.