Le tableau est noir : des enfants en âge de scolarisation qui ne tiennent pas debout, des corps anorexiques qui ne peuvent même pas bouger. Salma Welt Cheikhna, maman d’un enfant décédé depuis quelques jours dans une clinique au village de Tin Tilout à cause de la malnutrition, a affirmé que les enfants changent de comportement à cause de la malnutrition. Leurs humeurs changent peu à peu et ils n’arrivent plus à s’intégrer socialement générant un retard au niveau de l’acquisition des habilités motrices. La situation empire avec le retard du développement à cause du manque de nourriture. C’est ce qui s’est passé avec mon fils.
Dans le même contexte, Fatima Welt Letni, infirmière à la clinique de Tin Tinout située à 30km à l’ouest de Tombouctou, a indiqué que le caractère héréditaire de la malnutrition complique le phénomène. « Le manque de nourriture agit sur l’ensemble des tissus corporels chez les enfants. Le manque de protéines engendre la malnutrition et l’affaiblissement du système immunitaire de l’enfant, le rendant sensible, avec une perte d’appétit », a-t-elle précisée, ajoutant : « malheureusement, les compléments alimentaires sont peu nombreux et notre situation financière ne nous permet pas d’en acheter ailleurs ».
Quant à Mariem Welt Mohamed, elle a poussé un long soupir en se souvenant qu’elle a quatre enfants, dont la différence d’âge ne dépasse pas une année, qui souffrent de la malnutrition, y compris son bébé de quatre mois bien qu’il soit nourrit au sein. « Mon fils âgé de deux ans commence à peine à marcher, alors qu’il était sensé le faire depuis une année », a-t-elle raconté, comme s’il s’agissait d’un sujet banal. En effet, la malnutrition est devenue un phénomène habituel.
Moussa Touré, membre de l’équipe de la Croix Rouge malienne a expliqué que la malnutrition dans les régions sahariennes du nord du Mali a des répercussions néfastes, dépassant l’ordre sanitaire pour devenir un problème social. « Nous essayons de lutter contre ce phénomène, mais la situation est critique. Les familles viennent des camps de réfugiés où la maladie est répandue. Si elle n’est pas soignée lors des deux premières années, la maladie engendra chez l’enfant le rabougrissement qui n’agira pas seulement sur son corps, mais également sur son cerveau », a-t-il affirmé.
Touré a appelé tous les protagonistes à intervenir d’urgence pour lutter contre cette maladie qui est sur le point d’anéantir l’enfance. Un appel réitéré par Mohamed Ali Agh-Aissa, expert en affaires sociales, qui estime que la malnutrition engendre un état d'ignorance et d'arriération.