Les Dogons sont estimés à environ 700 000 personnes. Ils occupent la région, nommée Pays Dogon, qui va de la falaise de Bandiagara au sud-ouest de la boucle du Niger. Quelques Dogons sont installés dans le nord du Burkina Faso, d'autres se sont installés en Côte d'Ivoire. Ils vivent principalement de l'agriculture, de l'élevage et de l'artisanat.
Selon Ampouroulou Tembely, chef du village Dandoli, situé à 9 kms vers l’Est de la province de Bandiagara, « la famille dogon est nombreuse. On peut avoir jusqu’à vingt hommes et chacun peut avoir deux ou trois femmes. Si chaque femme réclame sa part d’héritage en cas de décès de l’époux, la famille n’aura plus de biens »
De son côté, Mariam Togo présidente de la société coopérative yawbara mo (aidons les femmes), nous révèle que «même les jeunes filles ne bénéficient pas des biens de leurs pères puisqu’elles sont écartées par leurs frères »
Et d’ajouter : « C’est déplorable parce que la jeune fille travaille depuis son bas âge pour aider sa famille ».
Dingue Arama habite dans le quartier de Soro, situé vers le Sud de la ville de Bandiagara.
Selon elle : « La femme est toujours victime de l’égoïsme de l’homme et malgré sa bravoure et sa générosité son mari peut se débarrasser d’elle à tout moment et tout ce qu’elle aurait gagné pendant les années du mariage, revient à la famille du mari et elle perd tout ».
Yakalba Nantoume veuve dans le village de Tognon situé à 4 km vers l'Est de la province de Bandiagara. Elle nous raconte que lorsque son mari est décédé, il y a de cela cinq ans, ses parents lui ont donné quarante jours pour quitter définitivement le domicile familial.
« Moi et mon mari étions des grands éleveurs et avions des milliers de tête (bovins ovins caprins volailles etc, après mon départ sa famille s’est emparée de tous nos biens », regrette-t-elle.
« Ce qui me fait mal encore c’est que la famille de mon mari a refusé même de m’aider à marier ma fille qui est en fin de compte leur petite fille », ajoute-t-elle.
Selon Oumou Seyba originaire de la commune rurale de kendie, situé vers le Nord à 41 kms de la province de Bandiagara, « dans le milieu dogon, la femme est marginalisée et humiliée ».
« Elle ne doit pas posséder biens, ni discuter ou désobéir son mari. Par contre elle doit le respecter, l’adorer et être son esclave », dénonce-t-elle
Yapemo Tapily est une habitante de Boro un village situé à environ dix kms vers le Nord de la province de Bandiagara. Elle cultive l'arachide, fonio et un peu de haricot pour économiser et soutenir leur famille.
Âgée 33 ans Yapemo est veuve, elle a perdu son mari depuis avril 2014. Mère de trois enfants dont deux garçons et une fille .Apres les obsèques du mari, ses beaux-frères l’ont viré de la maison.
« Parce que mon mari est décédé je ne suis plus de leur famille. J’étais obligée d'abandonner mes trois enfants dont ma petite fille qui n'avait que deux mois environ», se souvient-elle.
Selon le Arou Hogon chef coutumier, traditionnel, spirituel des dogon, « la femme divorcée ou veuve peut se remarier avec d'autres hommes et c’est pour cette raison qu’elle ne doit rien apporter avec elle comme bien pouvant enrichir la famille de son nouveau mari ».