Fatoumata Djiguiba vient de Kama, un hameau situé à 37 km de Bandiagara. Elle est veuve et a cinq enfants à sa charge. A 50 ans, ses mains tremblantes parviennent à peine à tenir son arrosoir bricolé avec une calebasse. La vieille femme fait du jardinage pour nourrir ses enfants.
Ces trois dernières années la baisse de la pluviométrie a accentué fortement l'insécurité alimentaire. Les greniers qui étaient jadis remplis n'assurent plus la subsistance des habitants. Ils sont devenus des lieux de cachette pour les reptiles.
« La lutte contre l'insécurité alimentaire au pays dogon passe par une autonomisation des femmes. Elles sont au centre du développement rural vu leur capacité à mener plusieurs activités », affirme Yaiguéré Tembely, présidente de l'ONG YaGTu.
Créé depuis 2000, ce groupement de femmes travaille avec une dizaine de partenaires internationaux à travers des subventions de micro finance et l’assistance technique pour la mise en œuvre de microprojets. « Ce sont plus de 3000 femmes, réparties sur les 21 communes de la province de Bandiagara qui travaillent actuellement avec cette ONG», note- t-elle soulignant que la femme, au pays dogon, a toujours milité pour subvenir aux besoins de sa famille et malgré tous ses efforts, son revenu reste limité.
En effet, l'insécurité alimentaire est un fléau qui sévit dans les regions du sahel depuis des décennies. Elle constitue l'une des conséquences de la sécheresse que connaît la bande sahelo-saharienne. De plus depuis la crise du nord, le pays dogon souffre d'un marasme économique. Naturellement divisée en trois régions, le plateau, la falaise et la plaine, cette partie du Mali traverse la pire crise alimentaire de son histoire. Selon les spécialistes, depuis les années 1980, jamais une telle pénurie n'a été enregistrée dans la région.
Dans un décor verdoyant, Samby Nantoumé entretient son champ d'oignon depuis l'aube. Sous le grand baobab, son enfant de 4 mois est couché à même le sol. La jeune femme est âgée de 25 ans, après son mariage elle fut contrainte à abandonner l'école.
Dans le village de Djombolo, localité située à 5 km de Bandiagara, dés l'aube toutes les femmes se dirigent vers le yamé, un affluent du Niger, seul point d'eau qui traverse le plateau dogon abrupte et rocailleux. Elles sont parfois accompagnées de leurs enfants à la recherche de quoi nourrir la famille. Yadorgo Djiguiba est l'une d'entre elles. Agée de 30 ans, la jeune femme est mariée et mère de deux enfants. « Chaque jour que dieu fait, je me reveille aux premiers cris du coq pour préparer à manger pour la famille ensuite je prends le chemin du travail, là j'y passe toute la journée », déclare Djiguiba.
« Mon souci constant, c'est d’assurer la nourriture à mes enfants », témoigne-t-elle. « Chez nous dans le village, c'est à la femme de s'occuper des besoins alimentaires de la famille. Les hommes passent souvent leur temps sous le grand hangar du coin », s'indigne la jeune femme.
Selon Dr Dramane Togola, du centre de référence de Bandiagara, beaucoup de femmes au pays Dogon souffrent de maladies, liées à une carence d’élément nutritionnel pour l'organisme et elles sont atteintes de cécité crépusculaire due à l'absence de vitamine A, du Rachitisme ou de ramollissement des os par carence en vitamine D.
« Elles sont aussi victimes de Goitre, nanisme ou crétinisme par carence en Iode », poursuit-il.