Parmi ces populations marginalisées, il y a les personnes aux besoins spécifiques. D’où l’intérêt de cette « problématique de l’insertion socioprofessionnelle des personnes diplômées handicapées visuelles », qui était au centre d’une journée de réflexion et de plaidoyer au siège de l’Union malienne des aveugles (UMAV), à Faladiè, près de Bamako.
La mission de la société civile et du gouvernement consiste à faciliter l’insertion socioprofessionnelle et économique des personnes handicapées en général et des personnes handicapées visuelles en particulier. « Il s’agit de rappeler à l’Etat ses engagements internationaux », insiste Fatimata, une diplômée aveugle, âgée de 27 ans, qui attend depuis quatre ans d’être embauchée comme agent de liaisons téléphoniques dans une entreprise nationale.
Les handicapées présentes se sont interrogées sur les raisons qui ont empêché l’Etat de recruter parmi les personnes aux besoins spécifiques, surtout que les promesses n’ont cessé de fuser dans ce sens. « Et puis, des Fonds ont été octroyés par la communauté internationale pour opérer de tels recrutements dans l’administration publique et les collectivités locales », a rappelé Hadjiratou, une non-voyante diplômée de Kidal.
Multipliant les réactions pendant les workshops, organisés pendant cette journée, les participants ont insisté durant les débats sur les acquis législatifs et réglementaires des employeurs lors du recrutement des personnes handicapées. Les intervenants ont expliqué l’apport spécifique des personnes handicapées visuelles recrutées, ainsi que les autres handicapés. Ils ont également appelé à l’identification des obstacles qui se posent face à l’insertion socioprofessionnelle des personnes handicapées diplômées.
Des solutions pertinentes ont été proposées pour surmonter les obstacles identifiés et établir une stratégie de communication, de plaidoyer et de lobbying pouvant faciliter l’insertion socioprofessionnelle des personnes handicapées diplômées et les faire sortir de la marginalisation qu’ils ne cessent de vivre.
« En dépit de la ratification par notre pays de nombreux textes se rapportant à l’insertion socioprofessionnelle des personnes handicapées, l’emploi de cette catégorie reste toujours un vrai problème », a constaté le président du Collectif des diplômés malvoyants et non-voyants, Drissa Diarra.
Il est à rappeler qu’en 2012, les personnes handicapées avaient bénéficié d’un recrutement spécial. Mais, « l’application de ce droit a connu un ralentissement dû à la mauvaise interprétation des textes par les autorités chargées de sa mise en œuvre », a déploré Drissa Diarra qui a révélé que le nombre de handicapés visuels chercheurs d’emplois a été multiplié par 50 en 5 ans.
L’Ong internationale « Sight Savers Mali-Guinée» essaie d’aider l’Union malienne des aveugles (UMAV) à identifier les problèmes de cette communauté de personnes aux besoins spécifiques, en lui établissant des programmes de réinsertion professionnelle, en coordination avec les représentants des directions nationales de la Fonction publique et de l’Emploi, ainsi que la société civile.
« Nous attendons, nous les jeunes diplômés handicapés visuels et les représentants de la Fédération malienne des associations des personnes handicapées (FEMAPH), à ce que l’Etat et le Forum des ONG internationales nous aident à surmonter la situation de crise que notre communauté vit », insiste Oumar, un malvoyant diplômé, originaire de Gao.