Même si le taux de mortalité maternelle en Afrique subsaharienne a baissé de près de 45% entre 1990 et 2015, ce taux reste beaucoup plus élevé que la moyenne mondiale au Mali.
Selon de récentes statistiques de l’Organisation de la mère et de l’enfant, sur 400 accouchements signalés dans les villages de Tombouctou, plus de 80 femmes et de 100 bébés ont trouvé la mort, faute de soins adéquats et de suivi médical pendant la grossesse.
Fatma Welt Mohamed Ali, femme au foyer habitant le village de Bambara Moudi à 89 kms au nord de la ville de Sévaré (commune de Mopti), nous confie : « Tous ces décès durant la grossesse ou l’accouchement sont dus à nos traditions selon lesquelles il est tout-à-fait normal d’accoucher chez soi. C’est aussi à cause de l’absence d’hôpitaux dans les zones rurales. Nous en sommes parfaitement conscients ». Et d’ajouter : « Moi personnellement, j’ai fait trois fausses-couches et j’ai failli mourir à chaque fois. Nous sommes allés à Tombouctou et quand nous y sommes arrivés, j’étais complètement inconsciente… Le médecin a dit qu’il n’était plus possible de sauver le bébé… Ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait à moi ou à d’autres ».
Même tragédie pour Zeineb Dikou, une jeune femme dont la mère est morte alors qu’elle lui donnait naissance et qui vient elle-même de perdre des jumeaux. Dikou raconte : « Ici dans cette campagne malienne, ces décès sont tout à fait habituels. Nous vivons avec… J’ai souffert d’une hémorragie qui m’a accompagnée durant toute ma grossesse. Au neuvième mois, j’étais complètement épuisée, et j’ai mis au monde deux enfants mort-nés… J’ai tant attendu leur venue au monde, ce même moment que ma mère n’a pas pu vivre lors de ma propre naissance mais malheureusement la chance n’est pas de notre côté » se lamente-t-elle.
Dr. Abdallah Miqa, gynécologue à Tombouctou, affirme pour sa part que les décès de femmes enceintes se produisent quotidiennement dans les zones rurales. « Les villageois ne se soucient guère de transporter leurs femmes à l’hôpital. Les femmes meurent alors des suites d’une hémorragie, d’une fièvre puerpérale, d’éclampsie, de dystocie, des complications de l’anesthésie, ou bien des complications de l’avortement à risque » explique le médecin. Il précise que « les causes médicales indirectes dans les cas de décès sont de l’ordre de 18 %. On parle notamment de diabète, de maladies cardiaques, de malaria, d’anémie et d’ictère ». « Les villageois négligent les soucis de santé malgré le risque qu’ils prennent, un risque dont ils ne sont pas conscients. Le problème réside avant tout dans l’absence de sensibilisation dans les zones rurales du Mali » note-t-il.
Hussein Ag Issa