Réalisant un saut quantitatif, la production de Tidikilt représente 15 % de la consommation des habitants de la région en poisson, que l’on ramène d’habitude des villes côtières du nord de l’Algérie.
Mokhtar Azizi, un agriculteur âgé de 50 ans, fait partie des premiers qui se sont aventurés dans la pisciculture. Azizi affirme qu’en utilisant les bassins d’irrigation, il a réussi dès sa première expérience en 2013, à produire des quantités de poissons «dont le Tilapia du Nil qui s’accommode parfaitement au climat désertique de la région ».
Le succès de l’expérience n’a pas manqué d’encourager des dizaines d’agriculteurs de la région à tenter le coup à leur tour, boostés par le soutien du gouvernement qui a envoyé des techniciens en aquaculture, et par l’organisation de plusieurs rencontres entre professionnels du métier de toutes les wilayas du sud pour échanger leur savoir-faire.
L’expérience a également contribué à l’augmentation de la récolte agricole, grâce à l’irrigation des terres avec l’eau des bassins d’élevage riche en engrais organiques, selon les experts en agriculture désertique.
Obstacles
Les propriétaires des bassins d’élevage de poissons, qui ont formé une association du nom de « Tidikilt », réclament, par ailleurs, aux autorités de les aider à surmonter les obstacles techniques.
Mohamed Toutiti, président de l’association explique : « les éleveurs doivent pouvoir acquérir la nourriture spéciale des poissons au lieu de les nourrir avec du pain rassis et des herbes ce qui nuit à leur croissance et à leur reproduction ». Il évoque par ailleurs un autre problème, celui du décès d’un grand nombre de poissons durant les mois de décembre et de janvier, à cause des basses températures à cette période.
Les éleveurs sont contraints de couvrir les bassins avec des bâches plastiques, pour éviter que l’eau ne gèle, afin de garantir le bon déroulement de la reproduction et le développement des larves.
Selon Faouzi Hbia, directeur de la chambre régionale de la pêche et de l’aquaculture du sud, le nombre des éleveurs était de 100, en octobre dernier, répartis sur les municipalités de Ain Saleh, Ingar et Faqaret Al-Arab. « Leur production est estimée à environ 1000 quintaux de poissons, notamment les différentes variétés de Tilapia et le poisson-chat » explique-t-il.
Selon Hbia, « cet exploit a été réalisé grâce au dévouement des agriculteurs et à leur ambition, outre les spécificités de la région qui réunit tous les ingrédients pour l’élevage des poissons en eau douce ».
« Cette activité contribuera à améliorer le niveau de vie des familles rurales dans les zones reculées et à multiplier la production et la consommation du poisson d’élevage » estime-t-il.
Boujemâa Cherwine, directeur de l’agriculture à la municipalité de Aïn Saleh, affirme pour sa part à « Dunes Voices » qu’il existe une coopération entre la chambre régionale et l’association Tidikilt pour promouvoir la pisciculture et encourager les jeunes de la région à investir dans le secteur. Et d’ajouter que « l’association voue un soin particulier à promouvoir le secteur qui suscite de plus en plus d’intérêt de la part des agriculteurs de la région, devenue un pôle en ressources halieutiques.
C. Ben Yâich